Dans l’est de Paris, une maison de tolérance d’un nouveau genre offre ses services aux amateurs de poupées moulées hyperréalistes, belles de jour comme de nuit. En toute légalité.
C’est à Marthe Richard, une ancienne prostituée devenue conseillère municipale de Paris, que l’on doit l’inspiration de la loi qui porte son nom du 13 avril 1946, qui mit un terme définitif à l’exploitation des « maisons de tolérance » en France. L’élue dénonçait alors le fait que ces lieux pussent participer de la « débauche organisée et patentée » – au profit du crime organisé –, ce dont une certaine frange puritaine de la société d’alors ne s’accommodait que difficilement. Pour avoir allègrement collaboré avec l’ennemi sous l’Occupation, les barbillons des maisons closes ne bénéficiaient en outre que de maigres soutiens au sortir de la guerre, ce qui précipita la chute du réglementarisme dans notre pays.
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Paradoxalement, il ne fallut que quelques années pour que la « Veuve qui clôt » – ainsi que la surnommait le Hussard Antoine Blondin – revienne sur sa démarche abolitionniste et admette qu’il s’agissait d’une erreur de jugement. Mais ce revirement n’y fit rien et les portes des lupanars ne se rouvriraient pas ; « on n’irait plus au bobinard, on ne passerait plus un instant au salon : on n’offrirait plus un chocolat au kirsch, un joli ruban, un mignon carafon d’Armagnac ; l’on ne suivrait plus jusqu’au lit un jupon qui vous plai[r]ait ; puis l’on n’irait plus dormir,
