La loi Taubira a ouvert le mariage et l’adoption aux couples homosexuels. Jointe aux progrès de la PMA et de la GPA à l’étranger, cette révolution anthropologique a permis aux familles homoparentales de redéfinir les notions de père et de mère. Maintenant que les structures élémentaires de la parenté sont chamboulées, le statut de l’antique pater familias n’a plus rien d’évident.
Quelques esprits chagrins l’avaient vu venir. Derrière la révolution du sentiment que consacrait le mariage pour tous, s’en profilait une autre, autrement plus corrosive pour les vieilles structures symboliques, qui établirait la fluidité des sexes comme nouvelle norme de la procréation, donc de la filiation. Soucieux de demeurer des « animaux généalogiques », selon l’expression de Pierre Legendre, et insensibles (peut-être trop) à la puissance du désir individuel qui voyait de nombreux homosexuels réclamer le droit de fonder une famille comme tout le monde, ces réfractaires au monde nouveau pronostiquaient la destitution du père et de la mère au profit de « parent 1 » et « parent 2 », plus conformes à la fluidité identitaire qui est, paraît-il, l’horizon de l’espèce. Fantasme homophobe ! s’indignait-on
