Depuis quelques années, le réchauffement climatique n’est plus un objet de réflexion, ni même d’inquiétude rationnelle, mais celui d’une foi apocalyptique. A longueur de pétitions moralisatrices, les adorateurs de la Terre nous somment d’apprendre à vivre sans brûler de carbone. Et excommunient les déviants.
La fin du monde approche et c’est de votre faute. Toutefois, si vous faites suffisamment pénitence, l’humanité sera peut-être épargnée. Ce message, psalmodié sans relâche par d’innombrables prophètes et, en prime, par d’insupportables enfants de chœur, a acquis force de vérité révélée. Il est décliné dans d’innombrables vidéos, où youtubeurs et célébrités rivalisent dans la niaiserie écolo. Face à une menace aussi radicale, il n’y a ni droite ni gauche, ni jeune ni vieux, ni puissant ni faible. L’urgence est telle que Pierre Arditi et Alain Delon pétitionnent ensemble – sous la houlette de Juliette Binoche (qui a oublié les Palestiniens) et de l’astrophysicien Aurélien Barrau. Dans un texte publié en septembre 2018, quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, une impressionnante palanquée de stars françaises et mondiales (de Jane Campion à Wim Wenders en passant par Jude Law, David Cronenberg et Nana Mouskouri) et des scientifiques de toutes disciplines (dont un écologue qui ne doit pas être un spécialiste de l’école) évoquent « le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » : « Nous vivons un cataclysme planétaire. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique. Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire. »
Autant prier pour l’éradication du cancer
Cataclysme, effondrement, extinction massive, les beautiful people ne lésinent pas sur le superlatif qui fait peur. Ils exigent en conséquence que la lutte contre le péril climatique devienne la priorité absolue de tous les gouvernements. En plus de la « réorganisation de la société sur des bases de justice et solidarité pour nous et pour la planète », les pétitionnaires demandent « une fiscalité carbone juste, efficace et redistributive, des mesures sociales et écologiques facilitant le passage aux alternatives permettant de mieux vivre, la fin des énergies fossiles et le développement des parcs éoliens et solaires, un plan de formation massif dans les secteurs d’avenir, surtout auprès des plus précaires, la fin de l’impunité des multinationales, lobbies ou groupes de pression climaticides (dans les secteurs bancaires, énergétiques, agricoles…) ». À ce niveau d’incantation, autant prier pour l’éradication du cancer et allumer des cierges
