L’incarcération de Carlos Ghosn au Japon est une affaire grave. Quelles que soient les charges retenues contre lui, le PDG de Renault-Nissan a fait de ce groupe jadis en crise l’un de nos fleurons industriels. Son lâchage par la France révèle le désintérêt de nos politiques pour l’industrie.
Les situations de crise nous apprennent beaucoup, à la fois sur nous-mêmes et sur les autres. Ce qu’on peut désormais appeler « l’affaire Carlos Ghosn » est riche d’enseignements sur l’abandon par la France de son ambition industrielle.
Tout d’abord, voici un chef d’entreprise industrielle, dont les succès sont incontestables, qui est incarcéré brutalement en terre étrangère et qui reçoit instantanément de la part des médias français des tonneaux d’immondices sans que ses pairs, les industriels français, ne viennent tempérer les jugements hâtifs. Ainsi se construit l’image d’un patron trop payé, trop avide, et dépensier, tandis que sont passées sous silence ses actions sur plus de vingt ans pour construire le premier groupe mondial d’automobiles. Lâcheté des hommes, jalousie, ingratitude, peur des pairs de se retrouver en première ligne médiatique s’ils parlent, certes, mais dans notre Hexagone, plus généralement, ignorance et déni de réalité. Nissan était au plus mal avant que Carlos Ghosn s’en occupe, et il a réveillé Renault en en faisant une entreprise internationale. Beaucoup de dirigeants d’entreprises ne peuvent pas s’enorgueillir d’un tel résultat.
Carlos Ghosn, c’est la France
Il est clair aussi que nous n’arrivons pas à digérer le « marché » des patrons, alors que celui des footballeurs ne nous étonne plus ou, pire, nous rend fiers lorsque nos « nationaux »
