Accueil Édition Abonné Marine Le Pen: « Macron a associé le pire de la droite et le pire de la gauche »

Marine Le Pen: « Macron a associé le pire de la droite et le pire de la gauche »

Entretien avec la présidente du Rassemblement national (1/2)


Marine Le Pen: « Macron a associé le pire de la droite et le pire de la gauche »
Marine Le Pen, mars 2018. ©CHAMUSSY/SIPA / 00849566_000010

Défaite par Emmanuel Macron l’an dernier, la présidente du Rassemblement national semble tirer profit de la mobilisation des gilets jaunes. Pourtant, l’agenda politique se focalise sur le pouvoir d’achat et la crise de la démocratie, loin de l’immigration. Grand débat, Europe, identité: Marine Le Pen nous dit ses quatre vérités (1/2). 


Causeur. Depuis plusieurs années, vous affirmez que les questions d’identité et d’immigration sont occultées par les élites qui cantonnent le débat politique aux questions socio-économiques. Or, l’immigration n’arrive qu’au huitième rang des revendications dans les cahiers de doléances. Vous êtes-vous trompée ?

Marine Le Pen. Vous commettez une double erreur d’analyse : sur le Rassemblement national et sur les gilets jaunes. J’ai toujours considéré, contre une partie de mon camp, qu’il était essentiel d’investir le plan social. Au sein de mon parti, en 2012 et en 2017, certains me poussaient à revenir exclusivement aux problèmes d’identité et d’immigration. J’ai donc tenu à marcher sur deux jambes : l’économie et l’immigration. De ce point de vue, les gilets jaunes me donnent raison, car si leur révolte se focalise sur le pouvoir d’achat, elle ne s’y limite pas. Ce mouvement est un gigantesque cri de souffrance d’un peuple qui se sent exproprié économiquement, mais aussi culturellement. Le pacte de Marrakech est d’ailleurs devenu l’un des sujets majeurs sur leurs forums. Du reste, la réclamation du référendum d’initiative citoyenne (RIC) exprime bien la volonté de changer les rapports de force avec les gouvernants, notamment sur la question migratoire. En effet, depuis vingt ans, l’immigration oppose le peuple – partisan de son arrêt ou de sa limitation – aux différents gouvernements qui continuent d’imposer le contraire.

En ce cas, pourquoi les gilets jaunes n’en parlent-ils pas ?

Mais ils en parlent beaucoup : sur les ronds-points ! Une de vos consœurs à qui je le faisais remarquer m’a fait la même réponse : « Mais ils n’en parlent pas aux caméras ! » En réalité, les gilets jaunes ont intégré le terrorisme intellectuel. Ils savent qu’on ne doit pas parler d’immigration sans se faire taxer de crypto-fasciste et brouiller son message. Cette partie du peuple français considère que les médias – car, de même que les médias le globalisent, il globalise les médias – sont les surveillants du politiquement correct.

Ce sont les classes populaires que la droite a abandonnées qui se tournent vers nous

Il


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Février 2019 - Causeur #65

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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