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Natalité: la France, stop ou encore?

Dix milliards de petits humains et nous et nous et nous...


Natalité: la France, stop ou encore?
Une maternité à Mayotte. ©JOLY LEWIS/SIPA / 00791243_000046

Minés par la crise, l’individualisme ou les politiques du gouvernement, les Français ne font plus (assez) d’enfants. En guise de remède, certains proposent de remplacer la natalité par l’immigration. 


Aux dernières nouvelles, la natalité française se porte mal. « Pour la quatrième année consécutive, nous dit Le Figaro du 15 janvier 2019, la France enregistre une baisse du nombre des naissances. Alors qu’en 2014, les Françaises avaient en moyenne deux enfants, elles en ont 1,87 en 2017. »

Qui se souviendra des Allemands ?

Chacun sait que ce taux, qui reste un des plus élevés d’Europe, est dû pour une large part aux familles d’immigration récente. Le Figaro n’en dit rien, non par correction politique mais plutôt par rigueur scientifique puisque les statistiques ethniques sont interdites en France. Le démographe Hervé le Bras a imposé cette règle absurde, preuve que nous vivons dans un pays où les élites universitaires cachent la vérité, tout comme les autres élites, et on voudrait que le bon peuple ait  confiance en elles ! Le responsable de cette chute est clairement identifié par le démographe Laurent Chalard : François Hollande, qui a détruit ce qui restait de la politique nataliste mise en place à la Libération.

Tout l’Occident auquel on peut joindre la Russie et le Japon snobe désespérément les bébés, et des démographes sérieux prévoient que le peuple allemand aura disparu dans trois siècles. Cette annonce qui aurait ravi certains de nos ancêtres en 1914 me consterne. L’Allemagne a donné au monde le pire et le meilleur mais quand j’écoute les Wesendonck lieder de Wagner ou la Passion selon Saint Mathieu de Bach, je pense que le meilleur l’emporte. Toute cette génétique du Cantor de Leipzig, qui lui-même eut vingt rejetons, va disparaître à cause de quelques générations d’écervelés qui croient que vendre de belles bagnoles à la terre entière, danser sur les tables à la bierfescht de Munich ou faire des croisières en Thaïlande rend la vie trop intéressante pour perdre son temps à faire des enfants.

Le nerf de la guerre, c’est l’enfant

Ailleurs, c’est l’explosion démographique. A part la Chine, qui a fait des efforts drastiques avec la politique de l’enfant unique, à part quelques Etats d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est, les gamètes séminales coulent à flots dans le monde sans le moindre contrôle. Le Niger, pays désertique, tient toujours le pompon avec 7,2 enfants par femme, l’Inde qui fut longtemps un modèle approche de 1,3 milliard d’habitants et a entrepris de dépasser la Chine. Ce qui souligne la dimension conflictuelle de la natalité : les bébés sont des armes de revanche à Gaza, chez les juifs orthodoxes d’Israël, entre les ethnies africaines rivales comme le souligne Bernard Lugan dans L’Afrique réelle. Terrible renversement anthropologique : les chères petites têtes blondes, brunes ou noires ne sont plus des gages de bonheur, mais des promesses de conflits. Certains berceaux cachent des kalachnikovs.

Pourtant, le dogme bien-pensant reste inébranlable : parler de surpopulation est nauséabond. Le Monde, sur toute sa une du 18 janvier, titrait : « Comment nourrir dix milliards d’humains en 2050 ? » On enjambe allègrement le contrôle des naissances, on ne fait pas la suggestion malodorante d’empêcher de naître ces foules inquiétantes, on passe à l’étape suivante, et on culpabilise à l’avance la science occidentale, sommée de trouver des solutions alimentaires.

Moins d’enfants, plus de migrants ?

Soyons clairs : à propos de natalité, toute réflexion, attitude, ou posture qui ne prend pas en compte le profond fossé qui sépare l’Occident au sens large et le reste du monde est vouée à la stupidité la plus crasse. Stupidité crasse, l’écologie GINK qui, comme beaucoup d’absurdités sociétales, nous vient des Etats-Unis : Gink, c’est « Green Inclination No Kids » ! Comme si les montagnes de l’Oregon ou du Montana risquaient d’être submergées par des bidonvilles peuplés d’Américaines crasseuses mettant en danger par leur marmaille proliférante la vie tranquille des castors, caribous et autres serpents mocassins ! J’ai une tendresse pour les serpents, je vois parfois les rares spécimens qui subsistent passer sur mon terrain, malades et poussifs d’avoir balayé avec leur ventre les insecticides répandus dans les campagnes.

Certaines Françaises, comme la blogueuse Anestesia, se mettent à dire elles aussi : « Si tu aimes les enfants, ne les mets pas au monde, c’est une poubelle ». Très mauvaise excuse à la feignasserie reproductive des jeunes générations. La France n’est pas une poubelle et son très efficace réseau de déchetteries devrait être partout imité. Je l’ai déjà dit sur Causeur.fr, le jour où je serai dictateur de France, j’imposerai la GPA et la PMA obligatoire aux couples homosexuels pour qu’ils partagent ce que Michel Tournier appelle  « le lourd chariot de la reproduction » et qui est en réalité une des joies les plus profondes de la vie. Second décret dictatorial : les couples hétéros devront avoir au moins deux enfants, sinon ils encourront la plus terrible des punitions : héberger huit jours chez eux le pitre Yves Cochet qui vient de déclarer que limiter nos naissances « nous permettrait de mieux accueillir les migrants qui frappent à nos portes. » Où l’on voit que l’idéologie progressiste, appelée aussi le politiquement correct, est une antiphysis absolue. On prend un sentiment très naturel, comme celui qu’exprime Scapin chez Molière : « Nous voulons des enfants dont nous soyons les pères ! », on le retourne comme un gant et on obtient cette absurdité, bien propre à prendre la common decency à rebrousse-poil : « Nous voulons des enfants que les autres nous fassent dans le dos ! »

Le syndrome Onfray

Ma grande déception, en cette période de deuil pour la natalité française, se nomme Michel Onfray. Je crois qu’une grande partie de son succès tient à ce que, quelles que soient les opinions politiques, sociétales ou culturelles de ses lecteurs, il les fait passer sans cesse de l’exaspération farouche à l’admiration éperdue. Voilà un homme qui semble le modèle même de l’enraciné, enraciné dans son terroir normand et revendiquant fièrement ses ancêtres vikings, enraciné dans la culture occidentale puisqu’il vient de publier Sagesse, un beau livre sur le stoïcisme romain, un homme enraciné près de Caen au point de refuser mordicus toute transplantation à Paris comme le voudraient ses éditeurs. Onfray est le contraire absolu de l’individu hors-sol, éloigné de ses parents à 15 ans par une pédagogue kidnappeuse, éloigné de la culture française puisque celle-ci n’existe pas, éloigné de toute communauté nationale au point de vouloir la remplacer par une immigration sans fin, le modèle parfait de l’individu isolé dont a besoin la société fluide de la mondialisation, Emmanuel Macron bien sûr.

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Ce que dit Onfray de son père me fait pleurer d’attendrissement. Michel, tu pratiques encore le respect et l’amour de tes parents à une époque où la psychanalyse déconseille ce genre d’archaïsme, tu es une sorte de Péguy athée, attaché au terroir et aux gens de peu, ceux qu’on appelle aujourd’hui les gilets jaunes. Tu sais aussi que l’humanité est faite de « plus de morts que de vivants ». Alors pourquoi, pourquoi as-tu répondu à l’intervieweur du Figaro le 10 janvier 2019 : « J’aime les enfants et n’ai jamais voulu leur offrir une vie dans un monde où les prospérités vont si souvent au vice et les malheurs à la vertu ? » Piètre excuse vraiment, aggravée par une phraséologie sadienne. Et puis la phrase est tellement bien tournée qu’elle semble insincère et préparée à l’avance. Si tu étais chrétien, Noël t’aurait appris que chaque enfant porte en lui l’espoir d’une régénération du monde, espoir le plus souvent déçu, c’est vrai. Et puis, le sens de la continuité, y as-tu pensé, Michel ? Le sentiment de filiation que tu éprouves si fortement ne t’inclut-il pas dans une chaîne humaine que tu dois prolonger ? Et continuer la France, y as-tu pensé, Michel ? Les héros de la Chanson de Roland évoquent souvent le doux pays de France, celui où il est bon d’organiser des apéros-saucisson, de plaisanter avec les femmes et de leur faire une cour fervente mais discrète, de construire la cathédrale de Chartres ou les ruelles si belles de Sarlat ? N’y a-t-il pas une admiratrice encore jeune qui serait prête à recueillir et à conserver pour nous la génétique Onfray ?

Continuer la France

La société farouchement individualiste des droits de l’homme toujours étendus ne peut déboucher que sur un océan de solitudes. Il faut la remplacer par une société des droits et des devoirs. J’assume pleinement ma ringardise et j’agite mon drapeau tricolore en chantant la Marseillaise : continuer la France est un devoir.



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est romancier et professeur de lettres agrégé.

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