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Pub « sexiste » à Paris: la digue du cul

Une adjointe au maire de Paris a fait retirer une affiche de la marque Aubade


Pub « sexiste » à Paris: la digue du cul
Des publicités de la marque Aubade vendues aux enchères à Paris en 2009 / Hélène Bidard en décembre 2017 / Une statue grecque (MIGUEL MEDINA - AFP / 00836287_000008 / CC0)

Les féministes folles ont encore frappé : une publicité Aubade, accrochée à la façade des Galeries Lafayette à Paris, les défrise souverainement. « Un trop beau cul ! », hurlent-elles en substance. « Pas assez celluliteux ! Pas assez gras ! Pas assez réaliste ! »

« Sans compter que le modèle n’a pas de tête ! Les femmes ont-elles vocation à être décapitées ? Ne serons-nous jamais que des fesses sans cervelle ? Sortons tout de suite de trois mille ans de dictature machiste ! » Etc.

Le sexisme pour les nulles

D’ailleurs, peu de temps auparavant, une autre publicité pour un produit anti-cellulite avait également provoqué leur ire. « Marketing sexiste pour les Nuls ! La cellulite est un droit ! Cellulite ? #Me too ! Et tu n’as pas à me dicter ton standard de beauté, sale mâle blanc colonialiste… » Etc. (bis).

Reprenons.

Et d’abord, une p’tite chanson :

« Dans l’alphabet du corps, le Q est la consonne
Qui m’occupe toujours particulièrement,
Et même si tu te paies des yeux de diamant
Mes yeux lâchent tes yeux pour lécher ta consonne… »

C’est de Nougaro et ça s’intitule finement « le K du Q ». Ça se trouve dans ce très bel album, Plume d’ange, très free jazz — et ça date de 1977. On était alors libre d’écrire et de chanter ce que l’on voulait. Et aucune femme ne se trouvait offensée par les délires des poètes. Ni Nougaro, ni Brassens, qui dans « Vénus Callipyge » osait chanter :

« C’est le duc de Bordeaux qui s’en va, tête basse
Car il ressemble au mien comme deux gouttes d’eau
S’il ressemblait au vôtre, on dirait, quand il passe
« C’est un joli garçon que le duc de Bordeaux ! » »

Mais ça, c’était en 1964. La censure gaulliste sévissait si fort que Jean-Jacques Pauvert ou Régine Deforges éditaient des livres immédiatement interdits. De la Libération à 1975, près de 3000 films ont été censurés, tout ou partie. Pour certains, on a même détruit les négatifs par décision de justice : Torquemada pas mort !

Nous protestions, mais nous n’avions rien vu. Il nous restait à affronter les pétroleuses modernes.

Le néo-féminisme, un problème de culture

Les c**s, ça ose tout, c’est aussi à ça qu’on les reconnaît. Les c**nes aussi. Et les incultes itou.

Parce qu’en définitive, c’est un problème de culture.

On a guillotiné Olympe de Gouges non parce qu’elle avait écrit les Droits de la femme et de la citoyenne (une façon de faire du communautarisme déjà à l’époque), mais parce qu’elle était mauvaise latiniste. Elle ignorait qu’en latin, « homo », qui a donné « homme », signifie « l’être humain ». Pas le mâle — le « vir » abonné à la virilité et aux poils sur le torse. Les Droits de l’homme incluaient les femmes. Faute de traduction ? La bascule à Charlot !

A lire aussi: Balthus: une censure peut en cacher une autre

Ils étaient vifs, en 1793.

Le cul, c’est toute une culture. Mais comment le faire comprendre à ces hilotes ? Elles en sont à croire que les fesses d’Aubade sont authentiques — on aurait dû leur expliquer que de la même manière que la pipe de Magritte n’est pas une pipe, le cul d’Aubade n’est pas un cul, mais une image. Juste une image. Une quintessence.
Alors, les revendications de fesses celluliteuses…

Au commencement était le cul des…

>>> Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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