Dans une tribune publiée par Le Point, 80 intellectuels, parmi lesquels Alain Finkielkraut ou Elisabeth Badinter, dénoncent le « décolonialisme », pratiqué notamment par les Indigènes de la République, qui « sous couvert de lutte pour l’émancipation, réactive l’idée de ‘race’ ».
Quatre-vingts intellectuels viennent de co-signer dans Le Point une tribune intitulée « Le ‘décolonialisme’, une stratégie hégémonique » dont le but est de dénoncer l’activisme de « mouvances » qui « sous couvert de lutte pour l’émancipation, réactivent l’idée de ‘race’ ».
Sur le plan véritablement intellectuel, il n’y aurait pas lieu de considérer les délires et dérives de gens comme Rokhaya Diallo ou Lilian Thuram. Toutefois la « communicosphère » moderne donne à leurs aigreurs et rancœurs un effet d’écho dangereux en ce qu’ils offrent, en kit, des justifications low-cost possibles à un travail de sape de la civilisation.
Un discours faible mais dangereux
Il est donc très sain que des penseurs réputés d’horizons divers, voire à l’écart de l’agitation médiatique, aient affiché leur résolution et se soient prononcés frontalement contre un discours certes très faible mais potentiellement dangereux en ce qu’il peut être utilisé pour légitimer la haine sociale et raciale. C’est qu’on n’a, en effet, sans doute pas suffisamment pris garde à la parole d’organisations visées expressément dans cette tribune, comme les : « Parti des Indigènes de la République, Collectif contre l’islamophobie en France, Marche des femmes pour la dignité, Marches de la dignité, Camp décolonial, Conseil représentatif des associations noires, Conseil représentatif des Français d’outre-mer, Brigade antinégrophobie, Décoloniser les arts, Les Indivisibles (Rokhaya Diallo), Front de mères, collectif MWASI, collectif Non MiXte.s racisé.e.s, Boycott désinvestissement sanctions, Coordination contre le racisme et l’islamophobie, Mamans toutes égales, Cercle des enseignant.e.s laïques, Les Irrécupérables, Réseau classe/genre/race. »
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Sous des intentions affichées de défense des opprimés, ces groupes légitiment ou excitent la haine raciale anti-blancs, anti-juifs, anti-République, anti-France qui s’exprime de plus en plus ouvertement auprès de publics peu éduqués, mal intégrés et frustrés, par le canal de médias peu vigilants, de réseaux sociaux et de musiques de rap. C’est ainsi que sont apparus aux Etats-Unis, Nation of islam, et en France, les suprémacistes noirs de Tribu Ka. En septembre 2018, le rappeur Nick Conrad met en ligne le clip d’une chanson intitulée « Pendez les Blancs ». SOS racisme a expliqué ne pas vouloir porter plainte pour ne pas faire de la publicité à des inconnus. En 2005, Libération avait réagi à l’appel de Marianne contre les « violences anti-blanches » (après des violences raciales durant des manifs et en banlieue) en publiant le texte du collectif CLARIS : pour ce dernier, « la notion de racisme antiblanc [est alors] symptomatique d’une lepénisation des esprits ». Difficile de faire plus indigent dans la réflexion sur ces problèmes sociaux traités par le déni.
« En se présentant comme progressistes, ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l’émancipation individuelle et la liberté »
Depuis, les prétendus sociologues se sont tus, tels ceux qui avaient attaqué le rapport du chercheur Tarik Yildiz qui avait publié : Le racisme anti-blanc : ne pas en parler : un déni de réalité. La mode à l’époque était à la « contextualisation », c’est à dire la justification, sous un mot ronflant, pseudo-scientifique, de l’abolition de toute rationalité et objectivité gênantes.
Parmi les signataires de l’appel du Point, il y a beaucoup de penseurs, écrivains et journalistes habituellement catalogués comme progressistes ou issus de la gauche, comme Waleed Al-Husseini, Elisabeth Badinter, Zineb El Rhazaoui, Alain Finkielkraut, Jean-Pierre Le Goff, Laurence Marchand-Taillade ou Jean-Claude Michéa. Mais aussi de Boualem Sansal, Robert Redeker ou Michèle Tribalat.
Le texte dénonce une tentative d’intrusion militante au sein des institutions de recherche via des séminaires comme : « Genre, nation t laïcité » accueilli « par la Maison des sciences de l’homme début octobre » et « dont la présentation regorge de références racialistes : ‘colonialité du genre’, ‘féminisme blanc’, ‘racisation’, ‘ pouvoir racial genré’ (comprendre : le pouvoir exercé par les ‘Blancs’, de manière systématiquement et volontairement préjudiciable aux individus qu’ils appellent ‘racisés’ ».
Les signataires dénoncent le fait que « tout en se présentant comme progressistes (antiracistes, décolonisateurs, féministes…), ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l’émancipation individuelle et la liberté, au profit d’objectifs qui leur sont opposés et qui attaquent frontalement l’universalisme républicain : racialisme, différentialisme, ségrégationnisme (selon la couleur de la peau, le sexe, la pratique religieuse). Ils vont ainsi jusqu’à invoquer le féminisme pour légitimer le port du voile, la laïcité pour légitimer leurs revendications religieuses et l’universalisme pour légitimer le communautarisme. Enfin, ils dénoncent, contre toute évidence, le ‘racisme d’Etat’ qui sévirait en France : un Etat auquel ils demandent en même temps – et dont d’ailleurs ils obtiennent – bienveillance et soutien financier par le biais de subventions publiques ».
Un appel en faveur du « pluralisme intellectuel que les chantres du ‘décolonialisme’ cherchent à neutraliser »
Sont également dénoncées les « tentatives d’ostracisation d’historiens (Olivier Pétré-Grenouilleau, Virginie Chaillou-Atrous, Sylvain Gouguenheim, Georges Bensoussan), de philosophes (Marcel Gauchet, Pierre-André Taguieff), de politistes (Laurent Bouvet, Josepha Laroche), de sociologues (Nathalie Heinich, Stéphane Dorin), d’économistes (Jérôme Maucourant), de géographes et démographes (Michèle Tribalat, Christophe Guilluy), d’écrivains et essayistes (Kamel Daoud, Pascal Bruckner, Mohamed Louizi) ».
Et les signataires de lancer un appel en faveur du « pluralisme intellectuel que les chantres du ‘décolonialisme’ cherchent à neutraliser » alors qu’il est une « condition essentielle au bon fonctionnement de notre démocratie ».
Ils invitent avec gravité « les autorités publiques, les responsables d’institutions culturelles, universitaires, scientifiques et de recherche, mais aussi la magistrature, au ressaisissement ». Les critères élémentaires de scientificité « doivent être respectés », les débats « doivent être contradictoires », les institutions « ne doivent plus être utilisées contre la République ». Enfin, « il appartient, à tous et à chacun, de faire en sorte que cesse définitivement le détournement indigne des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent notre démocratie ».
La question du lynchage intellectuel au nom d’un antiracisme inverti et d’un islamisme rampant est si grave qu’il fallait relayer cet appel.
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