« Gaudin assassin ! » Pas de partis, pas de syndicats. Les banderoles en bonne et due forme étaient rares, les gens brandissaient des bouts de cartons sur lesquels étaient griffonnés les messages.
C’était une manifestation prolétaire. Improvisation et spontanéité. Juste l’expression de la colère. De l’impossible travail de deuil.
Et il y avait du monde. Beaucoup de monde. La manifestation a commencé après 18 heures, l’essentiel s’est déroulé à la nuit tombée, tout chiffrage est délicat dans de telles circonstances, mais quand la tête de la manifestation est arrivée à la mairie, la queue occupait toujours la Canebière. Dix, douze mille personnes. Peut-être un peu plus. C’est beaucoup pour un rassemblement décidé trois jours avant, et en milieu de semaine.
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« Gaudin assassin ! » La colère. Le deuil. En tête de manif, les portraits des huit disparus de la rue d’Aubagne — et comme c’étaient des gens de peu, plusieurs d’entre eux n’avaient pas même de visage — juste des silhouettes noires, éclairées de huit flambeaux allumés à la sauvette.
Le Vélodrome dans la rue
Le noir d’ailleurs était de mise. Le noir, et le feu. Marseille connaît à fond l’usage des pétards et des fumigènes. Ceux qui étaient là auraient pu aussi bien aller applaudir l’OM dans les quarts de virages.
En tout cas, ils demandaient la tête du maire, comme ils auraient demandé, au soir d’une défaite, celle de l’entraîneur. Ce n’était pas une manif bien propre, comme des organisations patentées savent les tricoter. C’était le même peuple qui après la prise de la Bastille promenait dans les rues la tête de Monsieur de Launay. Jean-Claude Gaudin n’était pas la figure la plus populaire, hier soir. Ni lui, ni aucun des membres de sa majorité. Après s’être entendu dire que les responsabilités étaient multiples, que l’enquête serait longue, patati-patata, la foule, qui aime les solutions simples, avait décidé que le coupable, c’était le maire. Le tribunal populaire avait…
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