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Jeunesse de droite: le grand replacement

La jeune droite intellectuelle ne rase plus les murs


Jeunesse de droite: le grand replacement
La Manif pour tous, Paris, 26 mai 2013 / Antoine Antoniol

L’hégémonie de la gauche dans la jeunesse française est révolue. La droite intellectuelle ne rase plus les murs et conquiert même les plateaux télévisés. Mais cette embellie doit davantage à la crise de notre société multiculturelle qu’au travail idéologique mené par quelques jeunes plumes au conservatisme parfois trop dogmatique.


Jadis, le monde était simple : les jeunes votaient à gauche, militaient à gauche, pensaient à gauche. Moralement discrédité à la Libération, le camp conservateur pliait l’échine devant une gauche qui s’arrogeait le monopole du cœur et de la vérité. Sartre pouvait exciter la haine de classe en accusant à tort un notaire de meurtre, Mitterrand dépasser l’entendement en promettant de sortir du capitalisme en cent jours, SOS Racisme fasciser quiconque questionnait la société multiculturelle, les jeunes générations acquiesçaient.

Or, voilà qu’après une longue éclipse, quelques francs-tireurs conservateurs creusent le sillon tracé par leurs aînés et franchissent les portes des médias. Zemmour et Buisson ayant ouvert la voie, Mathieu Bock-Côté, Eugénie Bastié (Le Figaro, Limite), François-Xavier Bellamy courent les plateaux télévisés, des revues comme Éléments sortent de la marginalité, des instituts de formation catholiques, identitaires libéraux ou un peu de tout cela à la fois émergent. Le tout est encouragé par la nouvelle mission métapolitique – gagner la bataille des idées – que s’assigne la jeune garde conservatrice, dont la coqueluche se nomme Marion Maréchal, et la base hésite entre un vote LR ou FN.

Quand la droite bat le pavé…

Aussi fluctuants soient ses contours, reste un mouvement de fond, que le brillant trentenaire Alexandre de Vitry pointe dans son pamphlet Sous les pavés, la droite : la jeune droite conservatrice ne craint plus de s’affirmer comme telle, de se doter d’une idéologie et de repenser son rapport au libéralisme. Ce n’est pas la première fois qu’émerge une jeunesse de droite revendiquant haut et fort cette étiquette. Le 30 mai 1968, les jeunesses gaullistes étaient sorties du bois pour soutenir le Général contre la « chienlit » des lanceurs de pavé. Tout en s’inscrivant dans cette lignée, les jeunes sarkozystes du début des années 2000 assumaient un rapport décomplexé à l’argent et à la réussite sociale qui les distinguait des caciques chiraquiens. Quelques années plus tard, poussée par l’offensive sociétale du quinquennat Hollande, une génération de jeunes catholiques conservateurs se soulève contre le mariage pour tous. Cette dernière vague investit le domaine des idées et porte un projet politique de transformation de la société.

Pour Alexandre de Vitry, c’est là que le bât blesse : la droite trahit sa nature pragmatique à force de battre le pavé et de forger une idéologie cohérente, sûre d’elle-même et dominatrice. Cette quête du Grand Soir conservateur ignore toute la complexité du réel, les invariants de la nature humaine et les pesanteurs du monde.


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Octobre 2018 - Causeur #61

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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