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Taxes commerciales: Donald Trump renvoie la Chine dans les cordes

La superpuissance asiatique prend conscience de ses fragilités


Taxes commerciales: Donald Trump renvoie la Chine dans les cordes
Donald Trump et Xi Jinping à Pékin, novembre 2017. SIPA. AP22206120_000001

La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis n’aura peut-être pas lieu. Et pour cause, l’Amérique de Donald Trump pourrait bien avoir déjà gagné l’affrontement…


Le président des États-Unis avait affirmé, durant sa campagne, son hostilité à un libre échange érigé en dogme et calcifié par les accords multilatéraux (type OMC, Transpacifique, ALENA, etc.) qui ôtent toute liberté aux Etats et les empêchent donc de défendre leurs intérêts. Ce discours a emporté l’adhésion des classes moyennes et laborieuses, et mêmes des électeurs démocrates des états touchés par le chômage industriel.

Le chaos se fait attendre

Le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, et l’économiste français, Gaël Giraud, viennent mettre en garde contre le protectionnisme prôné par Donald Trump. Ils se trompent lourdement par manque de précision juridique et incompréhension des dimensions tactiques des mesures protectionnistes, dosées et négociées bilatéralement, que le président vise à instaurer. D’ailleurs, malgré les indéniables qualités de Monsieur Stiglitz, il s’est déjà trompé sur la crise asiatique des années 90 alors qu’il officiait à la Banque mondiale qui en avait été la cause. On rappellera aussi qu’un autre Nobel (de gauche), Paul Krugmann, avait pronostiqué l’effondrement rapide et désastreux de l’économie américaine si Donald Trump était élu. Il avait ensuite vaticiné le chaos si le même Trump taxait les importations mexicaines. Non seulement il s’est trompé par idéologie, mais il s’est décrédibilisé. Car Donald Trump vient de réussir à renégocier un nouveau traité de libre-échange nord-américain avec le Mexique et bientôt avec le Canada…

Voici d’ailleurs que, d’abord timidement, mais de plus en plus unanimement, les économistes non politisés constatent les performances remarquables du redécollage économique américain. Qui se trompe ou qui nous trompe ?

Offensives contre la Chine…

Vient à présent l’épisode chinois qui est en réalité, depuis le début, le défi que s’est fixé la nouvelle administration américaine. Le gouvernement chinois (à vie…) inquiète non seulement économiquement mais surtout, désormais, militairement et géopolitiquement dans le Pacifique, en Europe, en Russie, en Orient (Iran, Turquie), en Afrique. Sans parler de la situation des droits de l’homme et des droits des peuples (Tibet, Sin-kiang , Mandchourie, Hong Kong,…). La moitié des importations chinoises aux États-Unis seront bientôt surtaxées et la Chine, elle, n’a plus aucune marge de manœuvre tant elle dépend de ses exportations. Dès le 24 septembre, une liste douanière de produits chinois importés, pour une valeur de 200 milliards de dollars, sera taxée pour sanctionner des « pratiques commerciales déloyales ». Ces taxes « punitives » s’ajouteront au relèvement (mai 2018), des tarifs douaniers de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium, et aux surtaxes de 25 % appliquées depuis l’été sur quelque 43 milliards d’euros de produits chinois. Jusqu’au 31 décembre, une surtaxe de 10% sera appliquée sur ces 200 nouveaux milliards de dollars pour passer ensuite à 25% dès le début de 2019. La liste, préparée par les services du représentant américain au commerce (USTR), après des semaines de consultations avec un organisme très officiel consultatif du commerce international et avec les entreprises américaines par branches plus l’accord des démocrates, désigne plus de 5000 produits. Tout sauf un tweet de Trump…

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Des pans entiers de l’économie américaine seront profondément concernés : l’agroalimentaire, l’industrie manufacturière, le textile, et, bien sûr, la distribution. L’industrie américaine saura-t-elle combler rapidement les vides dans l’offre et créer aussi toujours plus d’emplois toujours mieux rémunérés ? C’est tout l’enjeu.

…qui n’a plus de marge de manœuvre 

La Chine a prévenu qu’elle ripostera en taxant environ 60 milliards de dollars d’importations américaines de plus, soit environ 80% du total de ce que la Chine achète à l’Amérique. Mais elle n’a plus de marge de manœuvre et a donc déjà perdu l’affrontement : la guerre commerciale n’aura pas lieu. Car les balances commerciales sont très déséquilibrées : en 2017, les États-Unis ont importé au total 506 milliards de dollars de produits chinois. Les exportations américaines vers la Chine ont représenté 130 milliards de dollars, notamment des avions Boeing et autres équipements d’aviation (16 milliards de dollars). Et les Chinois, friands d’imiter les technologies, voudraient bien que Boeing continue à développer ses coopérations en Chine.

Quant à l’OMC, elle sera, dès lors, obsolète, n’ayant plus, désormais sa raison d’être : elle devra être complètement refondée en ses principes directeurs. Voire dissoute et ses fonctions transférées à l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) et la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), sous le contrôle et les consensus de toutes les nations du monde. L’OMC n’est en effet qu’une tardive (bien qu’indirecte) émanation des vieux accords de Bretton Woods et la traduction de thèses économiques rudimentaires, fausses et archaïques (David Ricardo).

Vers un troisième round ?

Les commentaires donnés par des « spécialistes » sont d’une platitude désolante : cette stratégie américaine inquiéterait de plus en plus les milieux d’affaires (lesquels ? Toutes les entreprises ont été consultées) et une partie de l’entourage républicain du président (mais les démocrates de Sanders suivent) qui redouteraient des effets dévastateurs. La hausse des tarifs douaniers renchérirait les produits importés ce qui aurait un impact sur le pouvoir d’achat des Américains et donc sur la consommation intérieure. C’est oublier que la baisse des impôts et du chômage augmenteront le pouvoir d’achat et la demande bien au-delà et compenseront largement ces effets négatifs.

Donald Trump menace, si cela ne suffisait pas, de passer à la phase 3, c’est à dire « des tarifs douaniers majorés sur quelque 267 milliards de dollars d’importations supplémentaires ». La totalité des importations chinoises…

Nous serons fixés dès le 7 novembre, le lendemain des élections américaines de mi-mandat, sur les perspectives de réforme fondamentale des principes économiques mondiaux. Rien que ça.



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