La meilleure loi anti « fake news » vient d’Ouganda. Elle taxe « les commérages » sur les réseaux sociaux…
“Mettons impôts sur les péchés ; ce sera source intarissable. L’homme est pécheur par nature, mais plus disposé à faire pénitence de cœur qu’à faire pénitence de bourse. Il éprouvera plus vivement le regret de ses fautes et hésitera davantage à retomber de ses événements si une taxe accompagne ses absolutions”, déclare Jacques Duèze – futur pape Jean XXII – dans La Loi des Mâles de Maurice Druon. A la tête de l’Ouganda depuis 1986, Yoweri Museveni, en bon chrétien éduqué chez les anglicans, a ainsi décidé d’un nouvel « impôt sur les péchés ».
Gazouillez, gazouillez, il en restera toujours quelque chose…
Face à une population de plus en plus critique et une dette nationale qui grimpe, le chef d’Etat africain a dégainé une taxe pour le moins originale : la taxe sur les « commérages » (« lugambo »). Elle concerne les cancans sur les réseaux sociaux et sera prélevée par les opérateurs mobiles – dans un pays où l’essentiel des connexions internet se font depuis un téléphone portable. Quoi de plus louable comme intention que de sauver l’âme d’une population qui perdrait son temps à jouer à la mère l’oie sur les plateformes de nos chers GAFA ? Depuis le mois de juillet, les commères ougandaises doivent ainsi s’acquitter quotidiennement d’un paiement électronique – 200 shilling ougandais soit 4 centimes d’euros – pour avoir accès à Facebook, Twitter et compagnie.
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Cela n’a pas empêché les protestations dans les rues, réprimées à coup de gaz lacrymogène. Une entreprise ougandaise, spécialisée dans les technologies, a aussi porté plainte contre le gouvernement au nom du « principe de neutralité du net ». Les plaignants veulent que la Cour constitutionnelle déclare la taxe « illégale, nulle et non avenue ».
Dans une lettre à son ministre des Finances, Yoweri Museveni affiche l’ambition d’engranger pas moins de 400 milliards de shillings locaux par an, grâce aux commères 2.0. Ces recettes serviraient à régler les problèmes provoqués par les commérages en ligne, explique de manière obscure le chef d’Etat ougandais. Une idée pour son homologue français ?
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