Le Cercle des auteurs invisibles
Les éditeurs le savent bien : il est toujours périlleux de publier des aphorismes ou des fragments. Le public les boude ostensiblement, peu soucieux de l’art de la nuance et se méfiant de ce qui lui apparaît comme des provocations gratuites. Certes, on veut bien admettre le génie de Cioran, mais on oublie qu’il a fallu près de dix ans pour écouler les 1 500 exemplaires de la première édition de ses Syllogismes de l’amertume. C’était en 1952. Chez Gallimard, de surcroît. Il passerait aujourd’hui pour un aimable plaisantin et seul un petit éditeur classieux prendrait le risque de le publier.
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Ayant toujours considéré qu’il y a plus de substance dans un fragment que dans d’autres formes littéraires, je profite de cette chronique estivale pour recommander, comme je l’ai déjà fait pour Jean-Pierre Georges, deux écrivains qui excellent dans le genre et qui font partie du cercle des auteurs invisibles et pourtant indispensables, tout au moins à mes yeux
L’échafaud plutôt que les honneurs
Le premier est Philippe Barthelet qui avec Tulipes d’orage (Pierrre-Guillaume de Roux) se livre à des exercices de persiflage, portés par une érudition sans faille et une langue digne de celle de Cingria qu’il a beaucoup fréquenté. Il note ainsi
