Dans les beaux quartiers de Paris, il est du dernier chic de rouler sur les vieilles bécanes qui sillonnaient les campagnes dans les années 1980. Jadis ringarde, la mobylette est aujourd’hui plébiscitée par les conducteurs en quête de liberté.
Dans les beaux quartiers, à la sortie du lycée, le comble de la frime est d’enfourcher une mob à bout de souffle. Une « Bleue », une « Orange », un « Caddy » tout décati, un « Solex » de nonnes à cornette ou, pour les plus intrépides, un « 103 SP » des campagnes qui affolait la maréchaussée à la fin des années 1980. Peu importe la vitesse limitée (50 km/h environ), seule compte l’ivresse de se déplacer librement, juste propulsé par un modeste moteur de 49,9 cm³. De jeunes dandys filiformes, sosies de l’acteur Pierre Niney, l’air vaguement romantique, n’ont d’yeux que pour ces cyclomoteurs de grand-papa avec cabas et porte-bagages. Toile cirée et Suze-cassis. Peugeot et Motobécane à l’avant-garde. Comme à l’époque où la France avait des mollets de compétition et les mains dans le cambouis.
Beaux et cons à la fois
Si la loi le permettait, ils troqueraient leur casque pour une gâpette écossaise. Depuis que les cyclistes sont harnachés comme des robocops, le possesseur d’un deux-roues motorisé même anémique a intérêt à se tenir à carreau et à faire profil bas. En ville, on n’aime pas trop les dissidents, les petits malins qui continuent à privilégier un mode de transport à essence. Connaissant la créativité de nos élus en matière de répression routière, il ne fait aucun doute qu’ils finiront par interdire toute forme de plaisir, surtout le plus innocent. Les scooters modernes, tricycles bourrés d’électronique, à l’entretien aussi coûteux qu’une Jaguar de collection, ces freluquets à forte tignasse les laissent aux
