La musique abolit les mœurs. Surtout au restaurant, où elle est une plaie de notre temps. L’édito d’Elisabeth Lévy.
Avec les imbéciles à roulettes, les sacs à dos et les humanistes anti-tabac, la musique dans les restaurants faisait partie des objets d’exécration favoris de Muray. Il nous est arrivé plus d’une fois de quitter dans le scandale et les huées – et sans avoir mangé – l’un des rares établissements qui servait à dîner après 20h30 dans le village du Sud où il se réfugiait pour écrire. Et lui, dont la conversation était si amusante, primesautière et intense, racontait avec une mélancolie gourmande avoir demandé à un restaurateur la raison d’être du fond musical qui perturbait sa lecture. Pour toute réponse, le tenancier avait montré du doigt les couples silencieux. Aujourd’hui, on peut voir les mêmes, frénétiques petits Poucettes et Poucets, taper sur leurs claviers respectifs sans même échanger un regard.
« Comment, vous n’aimez
