Dans son dernier bouquin, Comment ne pas devenir une fille à chat, la journaliste d’Europe 1, Nadia Daam, veut déconstruire les stéréotypes de la célibataire de 40 ans. Original. Elle y dévoile tous les petits travers de sa vie personnelle, qui est bourgeoise et parisienne. Accrochons-nous, ces tranches de vie sont le plus souvent horripilantes. Son livre est un condensé des quizz de magazines féminins que l’on fait sur la plage quand on s’ennuie. La « bobo » Daam se pense pourtant délicieusement gouailleuse.
168 pages plus tard…
Nadia Daam est donc célibataire, avec une fille et un chat. Le drame d’une vie. Heureusement, elle parvient quand même à se faire « féconder » (sic) de temps à autre, car elle boit trop. Quand les marques de bouffe ou d’émissions de télé ne remplissent pas déjà tout ce vide. En plus de squatter lees mêmes émissions et d’avoir la même maison d’édition, elle a ce point commun avec la comique Nora Hamzawi : se sentir obligée d’exagérer son penchant pour la boisson. Être une femme libérée, tu sais c’est pas si…
Mais là où les sketchs de Nora Hamzawi durent 3 minutes chez Barthès, et ne prétendent à rien d’autre qu’à faire rire, le livre de Nadia Daam propose une chronique qui s’étend sur 168 pages.
Rien n’est épargné au lecteur : ses poils pubiens qui blanchissent avec l’âge, ses relations avec les hommes (mariés, de préférence), son utilisation des applications de rencontre ou ses stratégies pour plaquer un gars dont la dentition ou la taille du sexe ne lui conviendraient plus. Qu’elle soit grossière, très bien, mais son livre est terriblement convenu.
Une « échelle Finkielkraut » de la haine
La parigote du quartier Stalingrad prétend ne pas se prendre au sérieux. En réalité, on comprend vite que rien n’est plus important que sa petite personne et l’influence qu’elle pourrait avoir sur les évolutions sociétales. C’est un concentré de néoféminisme nihiliste qu’elle nous administre. Nadia Daam est dans le camp des déconstructeurs. Au programme: cathophobie, détestation de tout ce qui peut se rapprocher de la Manif pour tous, de la droite ou d’Alain Finkielkraut, ironie permanente et individualisme forcené. Quand elle ne met pas en place une « échelle Finkielkraut » de la haine de 1 à 10, elle tourne le djihad en dérision ou se vante d’être une mauvaise mère. On rigole bien.
Néo-féminisme and the city
Nadia Daam est journaliste (« j’ai plein d’avis sur des sujets que je ne maîtrise pas du tout », confesse-t-elle), mais c’est avant tout une militante. Le matin, face à Patrick Cohen sur Europe 1, et le soir sur Arte, elle s’évertue à « décrypter » et « déconstruire » les sujets qui lui collent apparemment des boutons. Stéréotypes de genre, impérieux « droit des femmes », lutte contre l’ « islamophobie », etc. A côté de ses marottes inclusives, je peux vous assurer que les obsessions des vieux réacs qui traînent sur Causeur sont policées…
Les anecdotes de vie banales que Daam s’évertue à rendre cocasses sont lourdes. Même sur la plage, le bouquin doit filer mal au crâne. Son humour – qui est celui de Carrie Bradshaw de la série girly Sex and the city, avec vingt ans de retard – est symptomatique d’une gauche dont le militantisme pénible l’a emporté sur le rire depuis longtemps. Nadia Daam achève de nous convaincre que les néoféministes font beaucoup moins pour faire avancer la cause des femmes, que pour faire progresser l’individualisme, pour ne pas dire la vanité.
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