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Accusés « mâles blancs », couchez-vous !

United colors of Macron


Accusés « mâles blancs », couchez-vous !
Emmanuel Macron lors de son discours sur les banlieues, 22 mai 2018, Paris. ©LUDOVIC MARIN/ POOL/AFP

Emmanuel Macron n’en peut plus d’être un « mâle blanc ». Le président a de nouveau employé l’expression dans son discours sur les banlieues du 22 mai. A l’entendre, les concernés devraient tous l’imiter. 


Je suis, avant toute chose, la somme de deux fautes.

La première est d’être la cause de toutes les dominations sociétales et de toutes les haines raciales. Je porte la responsabilité de ma « race » ou de la « représentation sociale » de ma « race » dans la traite négrière, la colonisation, et les discriminations actuelles que subissent certains Français d’origine étrangère. Mon avis sur ces questions importe peu puisque je suis ontologiquement coupable, forcément ontologiquement coupable.

La seconde est d’être un criminel en puissance, un prédateur, un violeur ou un agresseur sexuel qui s’ignore, et même pire, un patriarche. Je n’ai commis aucun crime et ne suis sujet à aucune pathologie psychiatrique mais cela n’a aucune espèce d’importance, c’est ma nature qui est invoquée de nouveau pour justifier la sentence.

Je suis blanc donc je nuis

Je dois donc faire acte de contrition. Ici l’assignation à résidence est devenue une assignation à pénitence. Jamais on ne s’aventurera à me définir par rapport à la somme de mes actes. Peine perdue. Je ne suis qu’une identité rivée à sa communauté comme une moule à son rocher.

Qui suis-je ? On donne la réponse : mon tout est un « mâle blanc ».

Monsieur le président Emmanuel Macron dont la victoire fut une divine surprise pour le désordre établi a prononcé, lors de son discours du 22 mai sur les banlieues, la phrase suivante qui résumait son échange avec Jean-Louis Borloo, l’homme qui a électrifié l’Afrique (enfin presque) : « Cela n’aurait aucun sens que deux mâles blancs ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent un rapport ».

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Non content d’animaliser monsieur Borloo et lui-même (plus d’hommes ni de femmes mais des mâles et femelles, la déshumanisation est complète), le président de la République incrimine au passage la couleur de peau, ou la « race » pour ceux que le mot passionne, pour mieux décrédibiliser un rapport qu’il a, ne l’oublions pas, commandé. La grande question qui surgit à l’écoute de cette phrase, qui opte pour la politique du P.I.R., est bien celle du rapport entre la couleur de peau, le genre, et « accessoirement » l’aptitude de l’exécutif à rendre compte convenablement d’un rapport public.

On est curieux de savoir comment M. Macron en est arrivé à un tel lien entre ces éléments mais on dispose déjà de quelques éléments de réponse.

Au bon conseil de Belattar

L’évocation de l’expression « mâle blanc » n’est absolument pas neutre, surtout dans la bouche d’un homme qui pèse au trébuchet la moindre des syllabes qu’il prononce. On la retrouve le plus souvent chez les indigénistes et certains groupuscules néo-féministes, elle participe d’un discours militant que l’on a pu découvrir récemment dans certaines facs bloquées. Des réunions réservées aux « racisés » ou excluant « les cisgenres », au nom de la libération d’une parole militante opprimée par ces « dominants », ont ainsi eu lieu à Tolbiac ou à Nanterre. On pourrait également mentionner la dernière conférence prévue, qui bien heureusement n’a jamais eu lieu, sur « l’impérialisme gay » (entendre sur l’oppression menée par la culture gay blanche sur la noire). Le « mâle blanc » c’est le dominant donc l’oppresseur, dans un discours qui nous est rabâché à longueur de journée sur les réseaux sociaux et beaucoup de médias publics et privés.

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M. Macron a décidé de joindre sa petite musique de chambre à la fanfare des idéologues racialistes et autres essentialistes. Il y a un an et demi (une éternité en Macronie), le chef de l’Etat trouvait quelques attraits au mâle blanc à condition qu’il communie dans la « start-up nation » et s’habille en costards tout en rêvant de « devenir milliardaires ». Mais maintenant, on apprend grâce à l’ancien porte-serviette de Paul Ricœur que ce moindre mâle doit s’effacer au plus vite pour ne pas indisposer son nouveau conseiller politique es banlieues, « l’humoriste », Yassine Belattar. Une nouvelle thématique à ajouter aux réunions essentialistes ? « Plan banlieue réservé aux racisés ».



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