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Kercado, un « territoire perdu » au cœur du Morbihan

Vannes abrite un petit quartier rongé par le trafic de drogue


Kercado, un « territoire perdu » au cœur du Morbihan
Vue aérienne de la ville de Vannes, 2006. Crédit photo : Marcel Mochet.

Dans le paisible département du Morbihan, au cœur d’une des villes les plus sûres de France, Vannes abrite un petit quartier rongé par le trafic de drogue : Kercado. Pour casser ce ghetto déserté par la police, le président du conseil départemental appelle purement et simplement à le raser. reportage.


La devise républicaine Liberté-Égalité-Fraternité est toujours placardée au mur. Elle surplombe une porte murée par des parpaings. Les pelouses sont tondues, mais plus aucun élève n’en profite. Le collège Montaigne de Vannes a fermé en 2016. Prévu pour 700 collégiens, il n’en comptait plus que 150, la dernière année. Dans un département où le privé sous contrat représente 50 % de l’enseignement (record de France), les parents ne sont pas otages de la carte scolaire. Ils livrent difficilement leurs enfants comme petits soldats de la grande bataille de la mixité sociale. Montaigne a subi la fuite des cartables, entraînée par un gigantesque problème nommé Kercado.

La drogue, qu’on voit danser…

Carré de 800 mètres de côté, ce quartier de Vannes, dont la rue Montaigne est l’une des frontières, a connu une dérive stupéfiante, sans mauvais jeu de mots. Il se trouve à moins d’un kilomètre du cœur de la ville. Tout près, à l’ouest, s’étend Arradon, l’une des communes les plus chics et les plus chères du golfe du Morbihan. À Kercado, on sent la mer, littéralement.

On sent aussi la drogue. Au milieu des tours construites dans les années 1960 se niche un centre commercial décati. Le bar restaurant La Coupole et le kebab qui le jouxte donnent sur une petite place. En ce mercredi de printemps, un groupe finit tranquillement le premier joint de la journée, sur le coup des 10 heures. Pas de quoi mobiliser la police, qui a en vu bien d’autres à Kercado.

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Le 29 mai 2017, 170 policiers ont investi le secteur à l’aube, pour coffrer des dealers. Il y avait les hommes du RAID, ainsi que les « Robocop » lourdement équipés des brigades de recherche et d’intervention (BRI).

« Quand le commissariat a appelé la police judiciaire de Rennes et de Nantes pour demander du


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Causeur #57 - Mai 2018

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste

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