Pas facile de choisir un paradis fiscal. Si certains gros contribuables pensent que la richesse est moins pénible au soleil des Îles Caïmans, d’autres optent pour un chalet en Suisse. Mais presque tous ignorent qu’un pays a aboli les impôts en 1974 : la Corée du Nord ! Le dernier réduit communiste de la planète ne connaît pas l’entreprise privée pourtant l’Etat gagne l’essentiel de ses ressources, non pas en levant l’impôt, mais en vendant des biens et services. Pour financer son budget et sa course aux armements, la Corée du Nord a massivement investi dans l’économie, notamment par le biais de sa compagnie aérienne nationale Air Koryo, propriété de l’armée de l’air qui, bien plus qu’une compagnie aérienne, en a fait une marque de consommation courante. En effet, à cause des sanctions contre la Corée du Nord, Air Koryo dispose d’une douzaine d’avions soviétiques vieillissants qui ne desservent qu’une poignée de destinations en Chine et dans l’Extrême-Orient russe.
L’économie prête à s’envoler ?
En revanche, la société exploite une station-service avec lave-auto à Pyongyang, possède une compagnie de taxis et contrôle plusieurs boutiques de vente au détail, notamment à Sunan, l’aéroport international de Pyongyang. Sur les rayonnages de Potonggang, les Galeries Lafayette nord-coréennes, on trouve même des boissons alcooliques, des sodas, et des boîtes de conserve estampillées « Air Koryo ». Autant de produits fabriqués dans des usines militaires où on imagine aisément les conditions de travail et le niveau de liberté syndicale…
Au pays du mensonge déconcertant, difficile de savoir si ces activités sont rentables. Mais la création récente de Korea Hanggong Trading, une filiale d’Air Koryo tournée vers les marchés étrangers, laisse croire que les affaires ne sont pas mauvaises. Économiquement asphyxiée, la Corée du Nord pourrait même découvrir les joies du libre-échange.