Depuis un demi-siècle, le monde catholique vite une crise de foi dont le concile Vatican II a été le révélateur. L’historien Guillaume Cuchet analyse brillamment le désastre qui a balayé le travail de vingt siècles en une génération et vu les prêtres modernes troquer la croyance dans l’au-delà contre une morale laïque dénuée de tout fondement spirituel.
Quand se séparèrent les 2 500 évêques qui pendant trois ans avaient débattu dans Saint-Pierre le concile de Vatican II, contents du travail accompli, en s’embrassant, en se congratulant, ils étaient persuadés que l’Église catholique avait pris un nouveau départ. Il n’était question que de printemps de l’Église, de nouvelle évangélisation.
Pour préparer cet avenir radieux, le clergé français se dépêcha de tout changer. Nouvelle liturgie, prédication nouveau style, nouveaux livres, nouveaux décors. Hélas, trois fois hélas ! Au lieu de l’essor attendu, ce fut la débâcle. Le costume neuf était trop grand. Il flottait, et personne pour le remplir. La déception était si cruelle qu’il fut pratiquement interdit de l’avouer. Le ton enthousiaste resta en vigueur, d’emploi obligatoire. Gare à ceux qui osaient dire ce qu’ils voyaient de leurs yeux. Le plus brillant peut-être des théologiens de