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Laetitia Avia, je me plains donc je suis

Le racisme de quelques uns mérite-t-il l'oreille de tous?


Laetitia Avia, je me plains donc je suis
Laetitia Avia en campagne pour les législatives à Paris, juin 2017. SIPA. 00810392_000014

D’Aurore Bergé à Laetitia Avia, les postures victimaires semblent être devenues le meilleur moyen de faire parler de soi.


Après Aurore Bergé qui a revêtu le costume de l’innocente victime à plaindre, voici maintenant qu’une autre députée En marche suit le mouvement en venant chercher sur Twitter une bonne occasion de faire parler d’elle et de se faire consoler.

Un racisme violent mais marginal

Laetitia Avia, députée de la 8ème circonscription de Paris, n’était jusqu’ici connue que pour avoir été accusée d’avoir mordu un chauffeur de taxi qui refusait un paiement par carte bancaire pour un montant de 12 euros. Cette semaine, Madame Avia a reçu une lettre anonyme à l’Assemblée nationale dans laquelle elle est comparée à « une grosse truie venue d’Afrique ». Il est évident que le propos est d’une rare violence, d’un racisme absolu et d’une bêtise sans nom.

Ceci étant, il ne s’agit que d’une lettre, une seule, d’un anonyme marginal et, avant de surjouer l’indignation, il est sans doute préférable d’accorder à cet acte l’importance qu’il mérite. Apporter de façon brute une telle lettre sur la place publique, c’est encore alimenter le mythe selon lequel nous vivrions dans un pays d’affreux beaufs racistes, gangrené par un péril nazi, comme aux heures les plus sombres de notre histoire, etc.

« Total soutien » à l’instrumentalisation

Mais pour la victime autoproclamée, le procédé est très avantageux. Cela permet de faire parler de soi en bien, de redorer son image gratuitement, d’avoir grandes ouvertes les portes du plateau de C à vous et d’attirer à soi les tweets de « total soutien » d’une classe politique à l’unisson dans un concours d’indignation larmoyante. Et en prime de lancer son hashtag : #NeRienLaisserPasser.

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On aurait presque envie de s’émouvoir et de prendre son mouchoir pour s’attendrir du sort de cette pauvre femme qui jusqu’ici n’avait jamais su se faire remarquer par la qualité de son travail parlementaire. Mais restons très prudents avec les actes racistes anonymes. Souvenons-nous qu’en septembre dernier, nous apprenions que dans l’armée américaine, une inscription raciste avait été découverte dans un dortoir de l’académie de l’US Air Force à Colorado Springs. Le général américain Jay Silveria, directeur de l’académie, convoqua alors l’ensemble des élèves et, face à la presse, se donna en spectacle en prononçant un beau discours engagé contre le racisme. Une belle leçon de morale, impeccable, propre sur elle, poignante : à l’américaine. La vidéo fit le tour du monde : « Si vous ne pouvez pas traiter quelqu’un d’une autre race, ou d’une peau de couleur différente, avec dignité et respect, alors foutez le camp ». Malheureusement, la réalité vint vite le rattraper et, sans que l’information ne fasse cette fois le tour du monde, nous apprenions que les graffitis en cause étaient en fait l’œuvre d’un des étudiants prétendument victimes. Rendons grâce aux « Décodeurs » du Monde de nous en avoir informés.

La bêtise ne mérite pas une telle audience 

Il n’est pas question de reprocher à Madame Avia d’avoir inventé quoi que ce soit, il s’agit simplement d’alerter sur la nécessité de faire attention quand on nous présente le racisme comme une composante systémique et généralisée dans notre société. A cet égard, l’affaire Théo est pleine d’enseignements devant amener à la plus grande vigilance.

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Alors oui, la lettre reçue par Madame Avia est d’une bêtise crasse. Mais être exposé aux insultes quotidiennes, c’est le propre d’une personnalité politique. Ce qu’on attend d’elle, c’est de savoir y faire face et non de se lamenter dans une posture de victime. Il faut savoir laisser les basses œuvres mourir de leur propre poison. Le mépris que l’on doit avoir pour ce genre d’insulte doit conduire à répondre par la plus parfaite indifférence. Répliquer, c’est s’abaisser à son niveau et discréditer la fonction que l’on représente. Il y a sans doute mieux à faire que de jouer avec son physique ou sa couleur de peau pour s’attirer les faveurs de l’opinion.

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