Si l’humoriste ne s’exprime pas de la même façon à la radio et sur scène, c’est en grande partie à cause de la pression des réseaux sociaux qu’il qualifie de « pot de chambre participatif ». Conscient qu’un lynchage sur Twitter peut condamner un artiste à la mort sociale, il s’inquiète de ce poujadisme des élites.
Causeur. En plus de vos spectacles, vous officiez à la radio depuis de nombreuses années en tant qu’humoriste. Les réseaux sociaux vous ont-ils compliqué la tâche ?
Régis Mailhot. Ils l’ont surtout démultipliée… Les réseaux sociaux agissent comme une caisse de « déraisonnance ». Quand j’ai débuté, je recevais des courriers, des e-mails. C’était sur France Inter, donc je me faisais insulter pour une faute de grammaire. Mais un rédacteur en chef, un patron des programmes pouvait choisir de ne pas vous les transmettre. C’était plus facile de ne pas être parasité, de ne pas dévier de sa ligne de conduite. Aujourd’hui, les critiques, les demandes de renvoi et surtout les insultes sont publiques. Twitter, c’est le pot de chambre participatif du web. Personne ne nettoie. N’importe quelle blague peut m’attirer une « fatwa » ou une « cabale » de tel ou tel groupe déchaîné. Cette malveillance, souvent anonyme, finit par peser sur un artiste et sa manière de travailler.
La facilité est de taper sur des cibles satiriquement correctes, comme Christine Boutin
Dans le monde de Facebook et Twitter, il faut être aimé, ce qui favorise un humour inoffensif s’attaquant à des cibles universellement détestées.
La facilité est de taper sur des cibles satiriquement correctes, comme Christine Boutin… que je n’ai pas épargnée. Les « salauds » officiels rassurent et endorment l’esprit critique. Or,
