Dans un débat télévisé, l’universitaire Jordan Peterson a pris l’ascendant sur une journaliste qui le traitait de phallocrate et l’assimilait à l’extrême droite. Un duel devenu culte sur Youtube.
Si son nom ne dit pas grand-chose aux Français, Jordan Peterson est sur le point de devenir une figure intellectuelle majeure du monde anglo-saxon. Ce professeur de psychologie de l’université de Toronto s’est fait connaître à partir de 2016 pour ses critiques contre le gouvernement fédéral canadien. L’objet de sa colère ? Un texte de loi qui, en plus de rendre obligatoire l’emploi de pronoms trans lorsqu’un transsexuel le demande, assimile tout désaccord en la matière à des propos haineux.
Peterson s’est permis de diffuser quelques vidéos sur YouTube pour expliquer sa décision : refuser de se soumettre aux ukases des groupuscules de la gauche radicale qui se donnent le droit de modifier le sens des mots ou d’en imposer de nouveaux, quitte à identifier comme suspect tout récalcitrant. Car la maîtrise du langage est une des clefs de l’hégémonie idéologique, et Jordan Peterson n’entend pas renoncer sans se battre.
Moins ses attaques portent, plus la journaliste devient véhémente
Cette contre-offensive a créé un scandale majeur dans le petit monde académique canadien anglophone, qui fait de sa soumission au politiquement correct une preuve de sa supériorité morale. Dans un campus universitaire de l’Ontario, par exemple, la simple référence au sens commun peut valoir à qui s’y risque une réputation de fasciste. D’où le traitement de choc infligé au citoyen Peterson, méthodiquement passé à la question pour savoir s’il adhère ou non aux dogmes de l’époque.
La notoriété de ce franc-tireur est toutefois passée à un stade supérieur après son passage mi-janvier à la télévision britannique pour son livre 12 Rules for Life: An Antidote to Chaos (2018). Pendant trente minutes, Cathy Newman de Channel 4 News s’est comportée en procureure plutôt qu’en journaliste. L’animatrice cherche à faire passer Peterson pour un sexiste militant et un défenseur décomplexé de l’ordre patriarcal condamnant les femmes à une discrimination systématique. On a vite compris l’idée : Peterson est un odieux personnage. Newman va jusqu’à l’assimiler à l’alt-right, soit l’extrême droite américaine ! Or, moins ses attaques portent, plus la journaliste devient véhémente, plus elle s’acharne… et plus elle se ridiculise.
Peterson, à la manière d’un professeur flegmatique, esquive les coups et répond à l’anglo-saxonne sans jamais quitter le registre de l’argumentation rationnelle. Plutôt que de s’indigner, il déconstruit toutes les questions qu’on lui pose pour montrer en quoi elles sont biaisées et reposent sur des a priori très discutables. Au terme de l’échange, on a l’impression d’avoir assisté à une victoire par K.-O.
Accusé de condescendance machiste
Qu’on approuve ou non les idées du professeur canadien (il a tendance à trop naturaliser les rapports sociaux), on ne peut que se réjouir en l’écoutant démonter les bases intellectuelles de la sociologie victimaire. Sans surprise, des militantes féministes ont accusé le professeur d’avoir fait preuve de condescendance machiste devant l’animatrice. En d’autres termes, après avoir perdu un débat où elle était pourtant en position de force, la journaliste-militante sauve sa crédibilité en se faisant passer pour une victime du sexisme…
Autrement dit, si vous pensez hors des clous, tout débat se refermera sur vous : pile vous serez battu, face vous serez dénoncé comme l’incarnation du Mal… On se consolera en regardant cette vidéo devenue un petit classique de YouTube, tant Peterson y délivre une leçon d’insoumission au système médiatique.
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