En même temps qu’il est devenu le Calais belge, le parc Maximilien de Bruxelles a été converti en un autel voué aux cultes des migrants. Artistes, médias et autres bonnes âmes ne reculent devant aucune exagération pour dénoncer leur situation.
La guerre idéologique bat son plein en Belgique. D’un côté, des militants pro-immigration et des médias qui leur sont largement favorables. De l’autre, un Gouvernement sur la défensive bénéficiant pourtant toujours, sur ce thème, d’un large soutien de la population.
La fermeture de la jungle de Calais a entraîné un déplacement du flux de migrants désireux de rejoindre l’Angleterre vers Bruxelles, et tout particulièrement vers le parc Maximilien, devenu à la fois un lieu de transit et tout un symbole. Une « plateforme citoyenne » y accueille bénévoles et journalistes et des classes scolaires y défilent pour éduquer les générations futures au culte des migrants et dénoncer le quasi-fascisme de l’Etat, la génération des parents étant largement perdue pour cette cause et « non rééducable », si l’on en croit les enquêtes d’opinion.
« L’armée de l’ombre », vraiment ?
Le parc, qui compte désormais chaque jour des centaines de personnes, se vide partiellement le soir, la « plateforme citoyenne » se chargeant d’organiser l’hébergement des migrants chez des particuliers pour qu’ils passent la nuit au chaud et échappent à la police belge. La Seconde Guerre mondiale est en permanence convoquée au secours des migrants et Auschwitz n’est jamais loin ! Les opérations policières sont régulièrement qualifiées de « rafles », y compris par la RTBF, la chaîne de télévision publique francophone.
La même chaîne a qualifié les « hébergeurs » d’« armée de l’ombre » aidant les migrants « traqués par les autorités belges ». Le film du même nom de Jean-Pierre Melville, avec Lino Ventura et Simone Signoret, est une évocation tragique et subtile de la résistance française, avec son lot d’héroïsme et de trahisons, où la mort est omniprésente. Presque tous les résistants y finissent assassinés. La RTBF a assurément trouvé là une comparaison pertinente !
Au grand dam d’associations juives, l’éditorialiste de La Libre Belgique, un quotidien autrefois catholique conservateur, a osé qualifier les « hébergeurs » de « nouveaux Justes », oubliant de rappeler que si les premiers ne risquent rien à secourir des migrants, tout au plus menacés d’être renvoyés dans leur pays au terme d’un long parcours juridique, les seconds le faisaient au péril de leur vie afin de sauver des condamnés à mort par un régime totalitaire. Mais à quoi bon ces subtilités lorsque la cause est bonne !
Belgique sans frontières
Les seuls réseaux que la plateforme alimente sont ceux des trafiquants d’êtres humains que les mêmes médias dénoncent régulièrement. Ces migrants ne veulent pas être hébergés gratuitement par l’Etat belge et préfèrent s’en remettre aux réseaux criminels. La plupart, des jeunes hommes soudanais dans la force de l’âge, veut se rendre – illégalement – en Angleterre et choisit le froid et la clandestinité, plutôt que d’être immédiatement pris en charge et d’entrer dans une procédure d’asile. Ce sont donc bien des migrants économiques que les lois belges et européennes n’autorisent pas à immigrer. Mais la plateforme n’a cure de ces contradictions et de la légalité. Selon elle, tous les migrants sont les bienvenus et personne ne peut être renvoyé au Soudan, une dictature.
Peu de migrants viennent de démocraties avec un Etat de droit fonctionnel. Refuser de faire cette distinction entre réfugiés et migrants, refuser de collaborer avec des dictatures pour assurer le retour des migrants économiques, c’est se condamner à l’impuissance et à un tsunami migratoire par une population africaine qui pourrait doubler au cours des trente prochaines années. Sous le masque d’une opération humanitaire se cache en fait un puissant lobby « immigrationniste » dont l’objectif est d’ouvrir sans réserve les frontières de la Belgique et de l’Europe et, à terme, de détruire la cohésion de nos sociétés.
« Le droit est au-dessus de la loi »
Le Gouvernement belge, hanté par le spectre d’un nouveau Calais, est sur la défensive. Accusé de toutes parts de vouloir « criminaliser l’hospitalité » vis-à-vis des migrants, il est face à un front levé de médias, d’ONG, de juges, de professeurs, d’écrivains et de cinéastes – dont les frères Dardenne (Palme d’or au festival de Cannes) pour l’occasion sortis de leur confortable réserve subsidiée. La présidente du pendant belge du syndicat de la magistrature, qui s’était déjà faite remarquer en affirmant que « le terrorisme tuait moins que les accidents de la route » ou que « le néolibéralisme était un fascisme », a déclaré que « le droit était au-dessus de la loi » (sic), sous-entendant qu’il existerait un droit naturel qui permettrait aux migrants de circuler librement sur la planète. Un appel à peine masqué à la désobéissance et à l’insurrection venant d’une magistrate assermentée !
Ce mouvement pro-migrant se qualifie lui-même de « citoyen » ; un terme repris sans réserve par les médias. C’est pourtant tout l’inverse. La citoyenneté permet à un individu d’être reconnu comme membre d’une société et de participer à la vie publique, pas de contourner des lois légitimes votées par le Parlement, pas de se substituer à la représentation nationale ou à la volonté générale.
Les Belges ne sont pas dupes
Les Belges résistent tant bien que mal à ce torrent d’humanitarisme dévoyé et de militantisme masqué qui vise à faire plier l’Etat. La Belgique qui connaît des problèmes d’intégration plus aigus encore que la France et qui a beaucoup plus que d’autres contribué au djihadisme en Syrie et au terrorisme en Europe, se raidit. La gauche culturelle encore dominante n’impose plus toujours ses vues et, jusqu’à présent, n’a pas réussi à faire plier le Gouvernement.
Les Belges sont devenus parmi les plus hostiles des Européens à l’immigration et à l’islam. Selon une large enquête, « Noir jaune blues », commanditée par les champions du vivre-ensemble que sont le quotidien Le Soir et la RTBF, 77 % des Belges ne se sentent plus chez eux comme avant ; 74 % disent que l’islam, perçu comme une menace pour l’identité de la Belgique, n’est pas une religion tolérante ; 67 % trouvent qu’il y a trop d’immigrés dans notre société et se sentent « de plus en plus envahis ».
Ces chiffres traduisent un formidable décalage entre la population et les « élites » médiatiques, académiques, économiques ou politiques qui prétendent faire le bien de la première malgré elle. Qui résiste à qui ?
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