Accueil Édition Abonné Décembre 2017 Mansour Kamardine: « A Mayotte, ce sont les Français qui ont peur »

Mansour Kamardine: « A Mayotte, ce sont les Français qui ont peur »


Mansour Kamardine: « A Mayotte, ce sont les Français qui ont peur »
Le député LR de Mayotte, Mansour Kamardine à l'Assemblée nationale, novembre 2017. Photo: Hannah Assouline

Explosion de l’insécurité, effondrement des services publics, menace islamiste: devenus minoritaires dans leur propre département, les Mahorais exigent des mesures radicales contre les clandestins, y compris une refonte du droit de la nationalité. Entretien avec le député LR de l’île. 


Cet entretien a été initialement publié le 13 décembre 2017.

Causeur. Vous tirez régulièrement l’alarme sur l’afflux migratoire qu’affronte Mayotte. Pourriez-vous nous dresser, chiffres à l’appui, un tableau de la situation démographique de l’île ?

Mansour Kamardine. Sur 236 000 habitants recensés à Mayotte en 2015, 52 % sont des immigrés originaires essentiellement des Comores. Mais ces données sont bien en deçà de la réalité. À partir d’une extrapolation des chiffres de la consommation, on estime la population locale à 400 000 habitants ! Autrement dit, à Mayotte, il y a aujourd’hui un tiers de Français, un tiers d’immigrés réguliers et un tiers de clandestins. En outre, les derniers chiffres de l’Insee concernant la natalité révèlent que 74 % des naissances sont issues de mères étrangères. Enfin, le recensement 2017 va porter la population officielle de 236 000 à 262 000 personnes, soit une augmentation de 11,1 % en trois ans.

On incite les Français à aller se soigner ailleurs qu’à Mayotte pour permettre de prendre en charge gratuitement les étrangers à l’hôpital

Le gouvernement partage-t-il votre diagnostic ? Que compte-t-il faire contre cet afflux migratoire incessant ?

Personne ne nie que la population réelle soit bien plus importante que la population officielle, pas même le gouvernement. Quant à la réaction des autorités, elle n’est pas à la hauteur de la situation. La feuille de route signée le 12 septembre est inacceptable pour les Français de Mayotte. D’abord parce que le ministère des Affaires étrangères discute directement avec les Comores – qui revendiquent la souveraineté sur Mayotte ! – en mettant hors-jeu les élus mahorais, qui sont des élus de la République. Ces décisions du Quai d’Orsay ont un impact direct sur Mayotte et le Code général des collectivités territoriales prévoit une association formelle, dans ce genre de cas, des élus concernés. Est aussi annoncée la création d’un visa de circulation qui permettrait à son bénéficiaire de résider à Mayotte ad vitam aeternam. L’État prétend que ce visa de circulation profiterait aux officiels, aux professionnels et aux religieux, autant de catégories dont il ne donne ni le nombre ni la définition ! Or, les Comores vivent actuellement une radicalisation d’une partie de leur population et à Mayotte, nous entendons conserver une pratique de l’islam tolérante et parfaitement compatible avec la République. Enfin, la feuille de route annonce la remise aux autorités comoriennes des embarcations de clandestins, les fameux kwassa-kwassa. Sachant que beaucoup des armateurs ont des connexions avec le pouvoir comorien, cela revient à remettre l’arme du crime à des receleurs potentiels !

A lire aussi: « A Mayotte, l’Etat français laisse faire le remplacement de population »

Si on prend un peu de champ, quand la situation de l’immigration a-t-elle commencé à dégénérer à Mayotte ?

À partir de 2012. Du temps de Sarkozy, les clandestins avaient peur, ils se cachaient, car 30 000 étaient expulsés chaque année. Sous Hollande, on est descendu à moins de 15 000 expulsions par an. Aujourd’hui, ce sont les Français qui ont peur. De plus, on incite les Français à aller se soigner ailleurs qu’à Mayotte pour permettre de prendre en charge gratuitement les étrangers à l’hôpital. De même, quel que soit le nombre d’enfants qui viennent à Mayotte, ils seront scolarisés au titre de l’obligation scolaire. Résultat : 60 % des enfants scolarisés ont des parents clandestins. Enfin, le nombre d’actes de violence a explosé de plus de 40 % en cinq ans. Ce sont les Français de Mayotte qui subissent le laxisme de l’État : une école transformée en garderie, un système de santé dégradé et une insécurité galopante.

En mars dernier, sur les six bateaux d’interception des clandestins, cinq étaient à l’arrêt

Après l’attentat de Marseille, perpétré par un sans-papiers tunisien délinquant multirécidiviste, le gouvernement a donné des signaux de fermeté sur l’immigration…

J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt ce qu’a dit Emmanuel Macron sur sa volonté d’expulser les clandestins. Mais s’agissant de Mayotte, avant d’expulser, la première chose à faire est de stopper les arrivées. Ce n’est qu’une question de volonté : la technocratie a imposé son inertie aux politiques ! Ainsi, lors de sa visite à Mayotte en mars dernier, l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a constaté que sur 36 véhicules de dotation attribués à la police, 26 ne fonctionnaient pas. Sur les six bateaux d’interception des clandestins, cinq étaient à l’arrêt. Récemment, le radar qui permet d’identifier les arrivées a été saboté, parce qu’il n’est sous le contrôle de personne. Il convient de mettre les moyens. Ce serait d’ailleurs une bonne chose pour les finances publiques. En effet, pour les seuls secteurs de l’éducation et de la santé à Mayotte, le coût social induit par l’immigration est supérieur à 300 millions d’euros par an.

À vous écouter, une question nous taraude : quel intérêt l’État aurait-il à laisser pourrir la situation ?

Je crains que certains, dans les coulisses du pouvoir, fassent miroiter aux dirigeants que s’ils favorisaient le largage de Mayotte, des entreprises françaises pourraient exploiter le pétrole découvert récemment dans le canal du Mozambique, puisqu’il serait alors situé à l’étranger, alors que l’exploitation pétrolière dans les zones économiques exclusives françaises, y compris autour de Mayotte et des îles éparses, est en cours d’interdiction.

J’ai vu un de mes collègues député LRM se positionner non du côté des Mahorais, mais du côté des Comoriens !

Est-ce un scénario plausible ? On ne peut pas céder si facilement un département français !

Sauf que la politique de remplacement de population se poursuivant, à mesure qu’elle régularise les clandestins et met ses ressortissants en minorité, la France pourrait organiser une consultation aboutissant à la cession. Les Mahorais vivent cela comme une véritable insécurité culturelle. Nous vivons à la puissance 10 ce que vit la France périphérique décrite par Christophe Guilluy.

Regardez comment se comportent certains de nos amis comoriens à Marseille ou à Paris. Ils ont la nationalité française, mais déclarent rester comoriens. Récemment, j’ai vu un de mes collègues, député LRM de Marseille, se positionner non du côté des Mahorais, mais du côté des Comoriens !

Ce nationalisme d’importation pourrait jeter de l’huile sur le feu. Pensez-vous la situation locale vraiment explosive ?

On est au bord de l’explosion, il ne manque que l’étincelle. Depuis le 26 septembre, des manifestations secouent quotidiennement Mayotte. Les forces de l’ordre s’interposent entre les Mahorais et les clandestins devant la préfecture, qui reçoit 600 demandes de naturalisation par jour. Chaque jour qui passe nous approche d’une échéance fatidique. Je ne m’y résous pas. Aussi je demande au gouvernement de prendre les mesures nécessaires en termes de personnel et de dotation de matériel pour les forces de l’ordre. Il faudrait également revoir le droit de la nationalité spécifiquement pour les départements de Guyane et de Mayotte.

Décembre 2017 - #52

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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