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Wauquiez, le premier jour du reste de la droite

Droite d'inventaire


Wauquiez, le premier jour du reste de la droite
Laurent Wauquiez est le nouveau président des Républicains, décembre 2017. SIPA. 00835508_000005

Les militants LR ont donc rendu leur verdict ce dimanche dans la discrétion qu’ils souhaitaient. La Faucheuse leur avait facilité la tâche cette semaine en arrachant Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday au monde des vivants. Car de débats, ces militants ne voulaient pas. Et bien des observateurs ont cru à une faible participation – certains craignaient moins de 50 000 votants ce matin, se basant sur l’absence de confrontation entre les candidats. Il fallait discuter avec certains d’entre eux pour comprendre que le problème était ailleurs : le système des primaires les a échaudés pour longtemps contre la démocratie à ciel ouvert.

Wauquiez, sans débat

Ce que les militants craignaient par-dessus tout, c’était des débats télévisés avec les médias honnis, et les électeurs de gauche pour témoins voire acteurs. Ils voulaient décider entre eux dans un confort douillet et rassurant. Et se choisir un chef, un vrai. Assez des guerres de chefs, assez de linge sale lavé en public. Nous avions regretté ici que cette attitude conduise à ne pas traiter les véritables enjeux, de ne pas aborder les sujets qui fâchent, le rapport à Macron, celui à la construction européenne, la conciliation du libéralisme économique avec le conservatisme sociétal. Nous avions aussi visé l’attitude du favori, Laurent Wauquiez, qui cherchait avant tout, sous la pression, notamment celle d’un ancien président de la République, à donner des gages de rassemblement, quitte à ne pas choisir.

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La formation du binôme avec Virginie Calmels, ancienne patronne d’Endemol France, juppéiste patentée et qui, dit-on, se serait bien vue ministre de Macron, constituait une ambiguïté dommageable. La volonté de « réconcilier les enfants de Séguin et les héritiers de Jean Monnet » en fut une autre, jusqu’à la caricature. Cela dit, nous devons à la vérité que tous n’étaient pas sur la ligne du chef. Ainsi, le 25 novembre dernier, votre serviteur a été invité à parler devant les jeunes wauquiéristes du Doubs avec un cahier des charges très simple : leur parler franchement, ce qui est en effet le genre de la maison. Leur intérêt pour le propos, leur soif de débat idéologique, leur capacité à frotter leur cervelle contre celle d’un autre avaient quelque chose de rafraîchissant et rendaient plutôt optimiste.

Droite d’inventaire

Tutoyant quasiment la barre des trois-quarts des suffrages exprimés des 100 000 militants actifs des Républicains, Laurent Wauquiez peut s’estimer bien élu d’un parti néanmoins en crise. Loin derrière, Florence Portelli (16%) a montré un véritable caractère, débordant parfois le favori sur la nécessité de ne faire aucun quartier pour les constructifs et autres macron-compatibles. Il est regrettable que, sentant la défaite arriver, elle ait, dans les derniers jours, usé de la vieille ficelle du féminisme victimaire.

Quant à Maël de Calan, il n’atteint pas le seuil psychologique des 10% des suffrages. Qu’Alain Juppé lui ait apporté finalement son soutien dans les derniers jours ne lui a pas servi à grand-chose. Que pesait cette manifestation tardive face aux déclarations prêtées au maire de Bordeaux sur le rapprochement avec Emmanuel Macron en vue des élections européennes de 2019 ? Alors qu’Edouard Philippe est à Matignon, et que la plupart des bataillons juppéistes sont déjà au pouvoir, le score de Maël de Calan donne seulement une information sur la quantité résiduelle des partisans de Juppé au sein de LR, prête à partir dans les prochaines semaines rejoindre leurs amis. La clarté du débat politique y gagnera assurément, ainsi que le confort intellectuel des uns et des autres.

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Reste à examiner les actes de Laurent Wauquiez. Poursuivra-t-il, au risque de lasser, la stratégie consistant à transgresser un jour, choquant le journaliste parisien, pour noyer le poisson le lendemain dans une formule rassembleuse absconse ? Continuera-t-il à expliquer que « se dire de droite, c’est déjà pas mal » ? Ou, maintenant qu’il a acquis la légitimité militante, entamera-t-il un véritable travail idéologique au sein de son parti, au risque de faire fuir certains grands élus aux oreilles et narines sensibles ? Qui nommera-t-il au poste important de secrétaire général ? Qui héritera des postes stratégiques des études et de la formation ? Les réponses à ces questions nous diront très rapidement des indices quant aux véritables intentions de l’homme à la parka rouge.

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