Fermeture des voies sur berges, restrictions de circulation sur les grands axes, rues piétonnes à gogo: tant pis pour les embouteillages et la pollution, Anne Hidalgo est fière de sa ville super cool, paradis des touristes, des rollers, et des marchands de mojitos…
C’est un fait historique, la place accordée aux piétons dans la capitale a toujours posé problème. Des siècles durant, l’absence de trottoir les a livrés aux voitures, animaux et détritus au milieu d’une rue violente et anarchique, dure aux faibles, aux étourdis et aux plus pauvres, puisqu’un peu d’aisance permettait de circuler à l’abri des coups et de la saleté dans une chaise à porteur. Cet environnement crasseux et encombré demeura jusqu’au second Empire et aux travaux du baron Haussmann qui prétendaient moraliser en même temps qu’assainir. Force est cependant de constater que le conducteur parisien a toujours eu l’insulte facile et que les embouteillages, qui perdurent depuis le XIIe siècle, n’arrangent pas son caractère. Et pourtant, le Parisien a toujours marché. De François Villon à Léon-Paul Fargue en passant par Louis-Sébastien Mercier, la traversée de Paris a toujours pu se faire librement, c’est-à-dire hors des chemins balisés et malgré les voitures, au plus grand bonheur des esprits curieux. Or la politique d’éradication de LA voiture dans les rues de Paris est en passe de modifier le rapport que les habitants ont toujours entretenu avec leur cité. Ce qui est bien plus grave encore que le fait qu’elle n’atteigne pas ses vertueux objectifs d’une ville plus propre, d’un air plus sain et d’une vie meilleure.
« Dans le sens de l’Histoire »
