La République des hipsters nous appelle, sachons vaincre ou sachons périr ! Comme s’en agace Elisabeth Lévy, « l’idéologie fondatrice du nouveau pouvoir, plus managériale que politique, n’est pas le libéralisme, même néo, mais le startupisme qui vise à créer une « société efficace ». En vérité, ce meilleur des mondes où tout marcherait, où rien, ni les gens ni les choses, ne serait déglingué, a de quoi filer le bourdon ». Malgré la force du verbe présidentiel, tous les maux dont la France souffre ne se sont pas évaporés du jour au lendemain. Pas de quoi chanter « Tout va très bien, madame la marquise ! » avec l’orchestre de Ray Ventura en attendant la débâcle !
Pour le politiste Philippe Raynaud, le nouveau président redonne du souffle à une Ve République épuisée par l’usure des grands partis et a su capter une partie des votes populaires grâce à sa stature toute en verticalité. Un optimisme que partage Hervé Algalarrondo, espérant que la large majorité parlementaire acquise par En marche permette une réelle réforme du travail, au nez et à la barbe de la France insoumise. Comme le résume en une formule Alain Finkielkraut, « Macron, c’est un Napoléon sans pont d’Arcole » qui a encore tout à prouver dans l’exercice du pouvoir.
A la recherche de la droite perdue
En tout cas, ce jeune homme bien mis a disséminé tous ses adversaires dans la conquête du pouvoir. La droite exsangue après la défaite de Fillon méritait bien un reportage. Grâce à notre chère directrice Elisabeth, c’est chose faite. Plongée dans les abymes de la Fillonie convalescente, chez des jeunes technos qui lorgnent à la fois de Laurent Wauquiez et de l’Arlésienne Marion Le Pen. Année zéro aux Républicains : l’inventaire sera-t-il suivi d’une liquidation ? Un groupe de technocrates fillonistes, les Arvernes, publient dans nos colonnes une profession de foi au titre on ne peut plus explicite « Pourquoi nous ne sommes pas macronistes ». Feu sur l’économisme et le multiculturalisme !
Même au Front national, la crise est ouverte. Après le calamiteux débat d’entre-deux-tours, les candidats FN aux législatives ont eu fort à faire, y compris sur des terres où Marine Le Pen raflait la mise. Reportage dans les Ardennes où un jeune et joli candidat frontiste n’a pu venir à bout de l’abstention. Luc Rosenzweig dévoile enfin un scandale tout ce qu’il y a de plus légal : le pantouflage des déçus de la politique hexagonale dans les travées du Parlement européen. Pendant que nos voisins potassent leurs dossiers, nous envoyons nos politiques désœuvrés bailler à Strasbourg et Bruxelles…
Mais ce numéro d’été n’en reste pas aux contingences de la politique. Des mois durant, nous avons préparé un dossier entier sur la destruction de Paris. Eglises abandonnées, voies sur berges piétonnisées, Samaritaine embourgeoisée : n’en jetez plus, on ne reconnaît plus notre bon vieux Paname. L’historien Alexandre Gady explique à Anne Sefrioui que le vernis écolo-végétal des grands projets urbains d’Anne Hidalgo cache des intérêts financiers bien réels, dont LVMH et d’autres grands groupes profiteront, non sans concéder quelques hectares au logement social. Une ville Terra Nova, ça se soigne…
Hip hip hip, hipsters!
L’ancienne éminence grise de Jean Tiberi à la mairie de Paris, Bernard Bled, soumis à la question par Patrick Mandon, retrace l’histoire de l’expulsion du petit peuple de Paris au profit des spéculateurs et des promoteurs immobiliers. Et c’est non sans malice que nous ouvrons le débat sur les nouvelles tours à Paris qui, des Batignolles à la ZAC Rive gauche, promettent de rompre avec les ratés du passé (Beaugrenelle, Olympiades…). Entretien à cœur ouvert avec Ingrid Taillandier, architecte concevant une tour aux Batignolles. Ce petit tour d’horizon ne serait pas complet sans un clin d’œil à nos amis hipsters qui, s’ils ne se sont pas fendu la lecture de l’opuscule d’Anne Hidalgo comme notre valeureux ami Vincent Castagno, pour le bien de la cause, dessinent la France d’Emmanuel Macron. Rue du Faubourg-Poissonnière, les commerces de bouche et restaurants branchés s’adressent aux bobos et startuppers en quête de bien-manger. Un reportage made in France, bio et sans gluten !
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