Les femmes sont-elles dingues ? Deux excellents romans noirs, écrits par des femmes, inclinent à répondre par l’affirmative.
Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il faudra attendre que les femmes fassent irruption comme auteures dans le roman noir pour que leurs personnages deviennent un peu plus complexes que celui de la maman, de la putain ou de la femme fatale. On devrait ainsi relire plus souvent la grande Helen McCloy (1904-1994), qui montre dans des thrillers psychologiques étouffants, par exemple La Vierge au sac d’or, que certaines femmes ont des comportements remarquablement toxiques, bien plus dangereux pour les hommes que le fait d’en vouloir à leur argent ou leur virilité : le mâl(e), aurait dit Lacan, c’est encore les femmes qui en parlent le mieux…
Et c’est sans doute Helen McCloy qui aura inspiré deux lointaines descendantes en la personne de Sarai Walker dans (In)visible et Luana Lewis dans Obsessions. Voici deux polars hantés par une question dont dépend tout de même la survie de l’espèce : les femmes sont-elles dingues ? La réponse est incontestablement oui, même si elles peuvent avoir de bonnes raisons pour cela.
Une héroïne en proie au mal-être de notre temps
Prenons l’héroïne de Sarai Walker, Prune Keetle. Elle a 29 ans et elle est très grosse. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle le vit mal. Elle a beau évoluer dans une société où la surcharge pondérale est banale, elle est recluse dans un appartement de Brooklyn. Elle se rêvait grande journaliste et l’ironie du sort
