Si j’avais un conseil à donner à un jeune journaliste, moi qui suis un vieux débutant, je lui dirais qu’il ne faut pas écrire de papier qui amuse trop le rédacteur en chef. C’est courir le risque qu’il nous en réclame un autre, quand nous avons des livres à lire, de l’argent à gaspiller, des verres à boire et que nous savons que, si nous avons été drôle la dernière fois, c’était un accident, comme il arrive à Château d’Eau que, traversant le boulevard de Strasbourg, on croise un Blanc. Mais allez expliquer ça au patron — à la patronne, en l’occurrence. S’adressant à moi, Élisabeth Lévy : « Bravo pour ton papier sur Schiappa. Pour le prochain numéro, tu nous écriras un portrait d’Anne Hidalgo. Sois drôle. Anne Hidalgo, c’est un cadeau que je te fais. » Tous les cadeaux étant empoisonnés, j’ai tout de suite senti que celui-ci, comme les autres, me gâterait la digestion.
A lire aussi: Paris n’est plus vraiment Paris
D’accord, Patronne, Anne Hidalgo, ses voies sur berges piétonnisées, ses tweets, son vocabulaire technoïde, ses marches exploratoires, son néo-féminisme sélectif mais autoritaire offre tout ce que peut rêver un journaliste de Causeur désireux de tirer avec aise les cordes à gros lot qui lui feront emporter les félicitations de la cheffe et les applaudissements des lecteurs. Reste que ces facilités, ça gâche le plaisir, et la compotée d’idées néo-modernes que
