Que Jean-Luc Mélenchon soit un Insoumis, il ne cesse de le prouver. Il est tellement son seul souverain qu’à chaque tournant de son action politique, il se montre insoumis à ce qu’il a dit la veille.
Changement de pied
En 2012, il voulait être le champion du recul de Front national, en battant Marine Le Pen dans le Pas-de Calais. Arrivé en 3e position, il se rallie au candidat du PS pour faire barrage au Front national. En 2017, insoumis à cette posture initiale, Mélenchon laisse le champ libre dans le Pas-de Calais au Front national qui obtient 5 élus. Au second tour de la présidentielle, il ne rallie plus le candidat anti-FN.
Fidèle à son insoumission, il opère un double changement de pied. Une translation parfaitement orthogonale le fait passer du Nord au Sud, tandis qu’un un virage politique horizontal à 180° le fait changer d’ennemi principal : après la peau du FN, il veut celle, plus facile il est vrai, du PS. On ne fait donc pas plus insoumis que Jean-Luc Mélenchon à la ligne qu’il s’était librement donnée.
Mais il se montre également insoumis aux règles du calcul et de la démocratie, quand il décrète que son groupe « représente la société». Cette insoumission systématique fait le charme de notre tribun de l’extrême gauche. Et les autres insoumis ?
Quand ils agressent Manuel Valls au soir des résultats des législatives, au lieu de soumettre leur contestation aux formes prévues par la loi, ils prouvent qu’à cette loi et à la démocratie, ils n’y sont pas soumis. Rien d’étonnant : tous les révolutionnaires se prennent pour le peuple souverain, et pour cette raison, s’estiment en droit de transgresser les lois d’une démocratie non populaire.
Des insoumis soumis au chef
Il y a tout de même un os au travers de la gorge de l’insoumission des députés insoumis: ces députés ne doivent-ils pas une soumission inconditionnelle à Mélenchon ? Celui-ci vient d’annoncer que ces élus lui ont fait l’honneur de le choisir comme chef du groupe. Il n’a pas précisé si cette décision a été prise après délibération. Et il a ajouté : « Notre groupe sera un groupe, pas une collection d’individus ». En clair, le chef du groupe avertit qu’il ne tolérera pas d’insoumission dans les rangs. Les députés insoumis devront apprendre à répondre en choeur « merci patron ! » Députés insoumis, allez-vous vous soumettre à la voix de votre maître ? Si c’était le cas, j’en conclurai que dans votre Insoumission, il faut entendre Un et soumission.
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