
Il y a trente ans, le 3 mai 1987, Dalida baissait le rideau. Sa détresse continue d’émouvoir les hommes nés sous Giscard. Les Français n’ont jamais oublié ce regard perdu dans la fosse, comme happé par la gloire. Même les moqueries sur son strabisme pourtant si érotique étaient une manière de reconnaître sa singularité, un hommage à sa puissance évocatrice. Elle était unique dans le paysage radiophonique d’alors. La seule capable de transformer une ritournelle en une complainte douce, tellement langoureuse qu’elle s’infiltrait dans les replis de l’âme. Son interprétation toujours à fleur de peau venait invariablement voiler les sentiments, leur redonner une pureté originelle.
Elle avait tous les attributs de la femme fatale et de l’enfant incomprise. À la fois gauche et terriblement conquérante, ses audaces suivies de profonds doutes chahutaient, sans cesse, son esprit. Plusieurs fois par jour, elle empruntait cet ascenseur émotionnel. Sa voix méditerranéenne patinée aux accents montmartrois ne trahissait
