L’Observatoire des inégalités est une association de bonne réputation, partenaire entre autres de la fondation Abbé Pierre et d’Alternatives économiques. Ses études font souvent autorité dans les médias. Mais l’Observatoire ne fait pas qu’observer, il s’engage aussi. Ainsi vient-il de lancer une campagne de sensibilisation en faveur de la discrimination positive. Jusque-là, rien de très anormal, hélas, tant cette panacée est devenue universelle à gauche. Ce qui est franchement gênant, c’est le biais choisi pour vendre cette pseudo-évidence : s’adresser aux enfants, avec des enfants.
Sur la vidéo de l’asso, réalisée par l’agence Herezie, on voit un groupe de gamins de 8-10 ans s’apprêtant à entamer une partie de Monopoly. Sauf que les règles ont été changées pour révéler l’horreur d’un monde de discriminations : l’adulte qui les encadre confère des conditions de départ inégalitaires aux enfants. Toutes les inégalités sont envisagées. Par exemple, certains (des « Gaulois ») obtiennent 1 500 euros de mise de départ, quand d’autres (des « issus de ») doivent se contenter de 750 euros.
De la même manière, chacun ne reçoit pas la même somme en passant par la case départ : 200 euros pour les garçons, 150 euros pour les filles. Un enfant (encore un « de souche », vous l’aurez deviné) démarre en étant d’emblée proprio de trois rues et deux maisons, quand d’autres n’ont que[access capability= »lire_inedits »] leurs doigts pour compter. Pour couronner le tout, avant même le début de la partie, un enfant noir est sommé par l’organisateur de se rendre directement à la case prison lorsqu’un autre – blanc de chez blanc – reçoit une carte d’immunité le mettant à l’abri de toute poursuite judiciaire. Bien sûr les enfants acteurs sont furieux de cet amoncellement discriminatoire. Et j’imagine que tous les vrais gamins à qui on montrera ce clip de propagande le seront tout autant. Objectif atteint.
Quant à la morale qu’il faut tirer de cette comptine moderne, elle est multiple. Les pessimistes rappelleront que l’embrigadement des enfants est un des objectifs prioritaires de toutes les idéologies totalitaires, et qu’en général ça marche. Les optimistes souligneront qu’on tient enfin la preuve que le discours victimaire dominant chez nos sociologues pourrait avoir été conçu par un enfant de 8 ans…[/access]