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Un dîner chez Cioran


Un dîner chez Cioran
Crédit photo : John Foley/Opale/Leemage
Crédit photo : John Foley/Opale/Leemage

1. « JE HAIS LE PROGRÈS »

Quand nous avons demandé à Cioran s’il se sentait proche de Nietzsche, il a répondu : « Non ! » Il pensait n’avoir qu’un point commun avec Nietzsche, mais un point décisif : les insomnies. « Cela crée une complicité », ajouta-t-il. Il était persuadé que sans ses insomnies, il n’aurait jamais atteint les cimes du désespoir. Le Stilnox aurait-il apaisé le génie de Cioran ? Aucun de nous ne s’aventura à lui poser la question. Il tenait à ses insomnies comme Harpagon à sa cassette.

Un des convives lui demanda alors ce qu’il pensait du Progrès. Non sans véhémence, il répondit : « Je hais le Progrès. Je hais l’histoire. Je hais l’idée que, par je ne sais quel processus, nous serions en mesure d’améliorer notre sort. » Aux objections qui fusaient, il répliqua : « Mais vous ne voyez donc pas que tout ce qu’un homme gagne d’un côté, il le perd de l’autre. Tout progrès s’annule de lui-même. » Il nous raconta alors une anecdote qui illustrait bien son propos, une anecdote qui le mettait en joie : « Pendant la Terreur, Condorcet a écrit


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Mai 2017 - #46

Article extrait du Magazine Causeur




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