
Tout juif doit avoir deux synagogues dans sa vie : celle où il va prier et celle où il ne mettra jamais les pieds. J’ai pensé à cette blague, dans la matinée du vendredi 5 mai, en voyant arriver un courrier électronique intitulé : « Au nom du Judaïsme et de la République. » Mazette ! Quelle cause pouvait bien justifier que l’on convoquât de si hautes instances, quelques heures avant la clôture de la campagne électorale ? Les signataires, qui exercent des responsabilités au sein d’institutions communautaires ou culturelles (ce qui, apparemment, autorise à s’exprimer au nom du Judaïsme), entendaient « rappeler à tous les juifs de France meurtris par la violence antisémite islamiste que l’inquiétude pour leur avenir ne devait pas les conduire à céder à la tentation du pire ». Sans doute avaient-ils découvert avec effroi qu’une fraction, certes réduite mais en croissance, de la jeunesse juive, bravant leurs interdits moraux, avait rejoint l’électorat du FN, parti qu’elle considère comme plus à même de contrecarrer la progression de l’islamisme. À lire leurs exhortations, on
