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Les pieds nickelés de l’antifascisme contre la peste blonde


Les pieds nickelés de l’antifascisme contre la peste blonde
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Coup de tonnerre dans une paisible journée de mai… En réaction au ralliement de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen, la fine fleur des intellectuels de confort a réagi sur les réseaux sociaux… Benjamin Biolay a traité l’ex-candidat de « petite teupu », Mathieu Kassovitz a écrit sobrement « trou du cul » et Gilles Lellouche a twitté « grosse merde »… L’humoriste Stéphane Guillon a, quant à lui, cru bon d’ironiser sur le décès tout récent de la mère de Dupont-Aignan. Il a déclaré sur LCI : « Ma mère aurait fait la même chose si je m’étais engagée au côté de Marine Le Pen (…) Ma mère se serait aussi laissée mourir comme Madame Dupont-Aignan ». C’est là une vanne qui restera dans les annales du Grand Rien. C’est triste, avant l’antifascisme c’était Malraux, Alain, Nizan, Breton… c’était le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, fondé dans les années 30, mais ça c’était avant…

BHL présente… le « Forum contre Marine Le Pen et le parti de la haine » !

Dans le registre plus consistant du « cocktail dinatoire antifasciste », signalons des soirées organisées par la revue de Bernard-Henri Levy (La Règle du jeu), appelées « Forum contre Marine Le Pen et le parti de la haine ». La prochaine se tiendra aujourd’hui, 5 mai. Le but est d’inciter les électeurs à se déplacer au second tour pour faire barrage au parti frontiste. On y attend Yann Moix, Audrey Pulvar et Laurent Joffrin ! Ils expliqueront qu’ils se battront les armes à la main contre la peste blonde. Lors du dernier show, Christine Angot est venue apporter son témoignage. Comme François Fillon n’était pas dans la salle, ni dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour de la Mutualité, elle est restée sage et n’a mordu personne. On est à deux doigts d’une grande soirée festive au Théâtre du Rond-Point, autour de Jean-Michel Ribes, avec un concert de Cali. D’ailleurs M. Ribes a signé un tonitruant « Appel du monde de la culture contre le FN » dans les pages de Libé, avec la chanteuse de télé-crochet Camilla Jordana, Léa Seydoux, les Frères Dardenne et Béatrice Dalle. Le nom d’Emmanuel Macron est totalement absent de ce texte, qui appelle encore et toujours à « faire barrage ».

>> A lire aussi: Guillon contre Dupont-Aignan: la haine tranquille

A Malpasset, comme ailleurs, l’Histoire nous a appris que parfois les barrages ne tiennent pas le coup… Une autre pétition titrée « Voter Macron pour la République, sans illusion » (toujours dans les pages de Libé), signée par des intellectuels que le monde entier nous envie, tel que Georges Tin patron du Cran, ou Aymeric Caron, et la très évitable sénatrice Esther Benbassa, semble être le produit d’un générateur automatique d’heures-les-plus-sombres… On peut y lire, pêle-mêle, les mots : OAS, Vichy et Hitler. Diantre !

On a le sentiment d’un monde parisiano-parisien qui joue un jeu légèrement autiste. Celui de se rassurer. Celui des postures… Un monde qui regarde la France depuis son piédestal, la tête dans les nuages, dans la ouate rassurante de l’entre-soi du VIe arrondissement, et qui refuse d’être à l’écoute du peuple, qui est, soit dit en passant, souvent son public… et qui donnera vraisemblablement dimanche un score supérieur à 40% à la candidate du FN. En faisant pourtant un effort simple cette élite aurait certainement pu approcher et interroger les origines du mal, les racines du vote extrémiste – dans un contexte de crise économique interminable, de promesses non tenues de redressement de la courbe du chômage, et de pays sous tension, gangréné par la montée des fondamentalismes, le terrorisme qui est un cancer de ce siècle, et des violences quotidiennes. Mais pour comprendre ça, cette caste aurait peut-être dû faire l’effort de sortir la tête de sa poubelle dorée. Cette élite qui cherche encore à faire l’opinion, qui a le monopole de la parole public, qui possède les médias, quand elle n’est pas possédée par eux…

Justice pour Théo mais pas pour le policier brûlé

Ce week-end, dans le cadre de la manifestation traditionnelle du 1er mai, en fin de cortège, les forces de l’ordre ont été l’objet d’attaques violentes de la part de casseurs et des membres des « Black Blocs », prétendument antifascistes. Frappé par un cocktail Molotov, un CRS d’une quarantaine d’années s’est transformé en torche humaine. L’image a fait le tour du monde, et notamment la Une du New-York Times. Elle semble avoir un peu moins passionné la presse française. L’homme est dans un état grave, brûlé au troisième degré. Où étaient, ces derniers jours, les pétitionnaires qui réclamaient encore il y a peu « justice pour Théo », et propageaient de manière irresponsable l’idée d’une police en guerre totale contre les jeunes-des-quartiers© ? Où étaient-ils pour dénoncer cette image – qui aura certainement plus d’impact que la plupart des discours, des débats, et des mises en garde pontifiantes sur le vote de dimanche ? Et ce n’est là qu’un exemple.

Et dans la France macronienne hors-sol qui s’annonce, le ressentiment qui nourrit le vote extrême ne peut que prospérer. Dans la France de Macron, que l’on entrevoit dans son programme et ses discours, son effervescence de mots vides et de phrases creuses ; son charabia managérial ; La France « Start-up nation » ; la France de l’ubérisation ; la France qui fait (quoi ?) ; la France qui ose (quoi ?) ; quelle place pour l’autre France ? Celle que l’on a appelé « périphérique », qui souffre, qui est déclassée et se sent trahie ? Contre la montée en puissance de ce ressentiment, la farandole antifasciste, les cocktails dinatoires au théâtre du Rond-Point et les imprécations médiatiques n’auront aucun impact. Et ne feront même que renforcer ce sentiment d’humiliation. Continuons sur ce ton et nous aurons vraiment le Front national au pouvoir en 2022. Et, comme le rajoutait en plaisantant un ami, certainement Hans Gruber en 2027…



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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