C’est sous les auspices d’Alain Finkielkraut que nous avons élaboré ce numéro spécial présidentielle autour de l’identité française. Malheureuse, heureuse, à côté de ses charentaises ? Causeur a décidé d’interpeller les principaux candidats (Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron ainsi que Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon). Si, faute de temps, les deux derniers de ces prétendants n’ont pas donné suite à nos questions. Les autres sont passés à la question, histoire de détailler leur conception de l’identité nationale, de la France menacée par le multiculturalisme, et de la demande frontières, bref à tout ce qui fait un pays ! En écho à notre supplique pour ne pas être enterrés, Fillon, Macron et Le Pen développent chacun sur six pages leurs visions respectives de la France. Avec quelques surprises au rendez-vous : Emmanuel Macron refusant le multiculturalisme, François Fillon fustigeant les naïfs de la mondialisation heureuse, Nicolas Dupont-Aignan soulignant les racines chrétiennes de la France, etc.
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Le Goff/ Bousquet au secours du clivage droite/gauche
Grande est notre frustration de ne pas voir abordée dans la campagne la mère de toutes les batailles qu’est la vision de la France. Ainsi que le note Elisabeth Lévy, « des empilements de mesures, même baptisés « projets », ne font pas une vision de et pour la France, dont on a eu l’impression qu’elle était la grande absente de la campagne, en tout cas pour les médias » obsédés par les comptes des Fillon. Du débat, la presse a fait table rase. Ou presque. Il n’est que quelques intellectuels hors-cadre pour poser les questions qui fâchent à leur camp d’origine. Jean-Pierre Le Goff et François Bousquet sont de ceux-là. Pendant que le sociologue analyse le vide abyssal d’une gauche qui recherche désespérément un peuple de substitution, Bousquet, rédacteur en chef adjoint du magazine Eléments, scrute les atermoiements de la droite. Dans un frêle esquif où il ne fait pas bon penser à tribord, ce brillant journaliste a longuement étudié la droite de Patrick Buisson et mis au jour la fracture entre électorats populaire et conservateur. Un entretien que les candidats Fillon et Le Pen gagneraient à méditer… Quitte à jouer la mouche du coche, notre ami Luc Rosenzweig assume son prochain vote macroniste en faveur des générations futures car « chez Macron, et lui seul, on trouve cette ouverture à une société où le risque est encouragé, où l’on enjoint les perdants de l’heure à se bouger pour s’en sortir au lieu d’attendre une becquée que les démagogues de tout poil ne manquent pas de leur promettre ».
Alain Finkielkraut dévoile Erdogan
Résumons-nous. Dans notre rubrique actualités, le journal de Basile de Koch y va franchement : « La preuve que notre justice est indépendante, c’est qu’elle a condamné à mort le général de Gaulle et le maréchal Pétain. » Plein d’esprit, sinon de sérieux, l’olibrius déridera les plus austères. Ça tombe bien, du dur vous attend. Brisant la loi du silence, Alain Finkielkraut revient sur les déclarations d’Erdogan à l’adresse de ses compatriotes vivant en Europe : « Ne faites pas trois enfants, faites-en cinq, vous êtes l’avenir de l’Europe. », preuve que le colonialisme n’a ni visage, ni religion, ni frontières… La religion, parlons-en. Dans le 93, les friches se multiplient à mesure que les chantiers tardent à aboutir : en cause, des mairies qui craignant l’embourgeoisement de leur ville, souvent synonyme de droitisation. De là à ce que certaines banlieues rouges voire bleu pâle préfèrent les islamistes aux classes moyennes, il y a un pas qu’ont franchi nombre d’élus, comme l’observent Erwan Seznec et Paulina Dalmayer. Indispensables frontières, écrivait Thierry Baudet il y a quelques années. Depuis, le jeune intellectuel néerlandais a fait du chemin, allant jusqu’à intégrer le Parlement local avec sa petite formation souverainiste. Gil Mihaely l’a interviewé à La Haye. Avez-vous entendu parler de la polémique sur les villes moyennes déclenchée par le reportage du New York Times à Albi ? Causeur s’en mêle à travers une enquête in situ dans le centre-ville de Vierzon déserté par les commerces…
Au rayon culturel, Pierre Lamalattie nous guide sur les pas de Bernard Rancillac, peintre figuratif contemporain du pop art, actuellement exposé à l’espace Niemeyer, siège parisien du Parti communiste. Sans transition (ou presque !), notre kamarade Jérôme Leroy défend l’écrivain Louis-Ferdinand Céline qui ne se réduit pas à l’antisémite échevelé dénoncé par Taguieff et Duraffour dans un essai épais. C’est avec un certain plaisir proustien que je présente enfin le diariste dilettante Jackie Berroyer, standardiste chez « Nulle Part Ailleurs » pendant mes vertes années, que Cyril Bennasar a rencontré. Allez, lisez printemps, comme dirait l’autre !
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