On se souvient de l’attaque du 18 Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. » Et de citer l’oncle (Napoléon Ier) et le neveu — Napoléon III, qui venait de s’offrir son petit coup d’Etat. C’était déjà un 2 décembre, comme le couronnement de l’empereur, comme la bataille d’Austerlitz peinte par Gérard…
Complétons : Marx a oublié d’ajouter que lorsque la farce se répète, on entre dans un champ esthétique inédit, qui tient moins du vaudeville (Valls sort du placard en riant, Hollande pleure, me suggère une habile commentatrice) que de la pantomime. La tragédie, la farce, le grotesque. On a eu De Gaulle, puis Sarkozy — on a Hollande. La caricature de la caricature.
Ou plutôt, on ne l’a plus. Guignol, sitôt paru, est renvoyé dans les abysses de la baraque de foire. Pantalonnade, aurait dit l’illustre acteur de la commedia dell’arte qui donna son nom à la lignée des Brighelli.
« Tu n’as rien décidé du tout! »
Question style, l’écart n’est pas moindre. Que dit l’Empereur au soir de la bataille du 2 décembre 1805 ? « Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiai à vous pour la maintenir toujours dans ce haut éclat de la gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux. Mais dans le même moment, nos ennemis pensaient à la détruire et à l’avilir ! Et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m’obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis ! Projets téméraires et insensés que, le jour même de l’anniversaire du couronnement de votre Empereur, vous avez anéantis et confondus ! Vous leur avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre. Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France ; là vous serez l’objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire « J’étais à la bataille d’Austerlitz », pour que l’on réponde, « Voilà un brave ». »
Et l’Autre, là, qu’a-t-il dit ? « J’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle ». Voilà. Le style se juge sur pièces.
Mais tu n’as rien décidé du tout, espèce de président normal !
Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli.
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