Les visages défaits, désolés, dévastés, du QG de campagne d’Hillary Clinton me rappellent terriblement les têtes déplorables des supporters de Jospin en 2002. Comment ! Le peuple a voté contre nous ? Comment est-ce possible ?
Mais le peuple t’emmerde, connard ! Le peuple souffre. Le peuple, qui tendait vers la classe moyenne, tu t’es débrouillé pour qu’il repasse dans le lumpen prolétariat. Ah oui, Obama a créé 10 millions d’emplois ? Payés combien, à l’heure ? L’écart de l’âge de décès être les plus pauvres et les plus riches, qui était de 5 ans en 2008, est aujourd’hui de 15 ans — et j’aimerais bien savoir ce qu’il en est en France. Les plus riches ont tout fait pour que les pauvres meurent — mais les pauvres ne meurent pas assez vite, et même, ils votent, avant de défuncter !
Du coup, c’est comme pour le Brexit : quand ces salauds votent contre nous, élites auto-proclamées que nous sommes, c’est que la démocratie est le pire régime — retour à l’oligarchie ! Vive Washington ! Vive Bruxelles ! Les villes-monde doivent l’emporter contre la périphérie !
Mais le peuple — ce peuple auquel Jospin en 2002 ne s’est jamais adressé, le peuple que Hollande a trahi, ce peuple des sans-dents auquel les socialistes d’aujourd’hui ne disent mot — souffre horriblement. Parce qu’il n’espère même plus être moyen : il est invinciblement ramené vers le bas.
Lisez la suite sur le blog de Jean-Paul Brighelli.
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