La tentative d’homicide dont ont été victimes les policiers de Viry-Châtillon, cibles de cocktails Molotov destinés à les brûler vifs a donné lieu à de multiples articles convoquant les termes de « quartier sensible » ou, pour désigner la Grande Borne, de « cité sensible ». « Sensible », un adjectif que nous comprenons tous, sans jamais vraiment nous interroger sur ce qu’il implique.
Un anglicisme gênant
« Sensible », tel qu’on l’emploie dans l’expression « quartier sensible », est un anglicisme ; et un anglicisme trompeur. En effet, le terme revêt la signification qui est, en réalité, celle de l’anglais « sensitive ». Rappel pour ceux qui ne suivaient pas en cours d’anglais : le mot « sensible », dans la langue de Bob Dylan, est un faux ami qui signifie « raisonnable ».
En anglais, plutôt appliqué à des notions abstraites (a sensitive topic / issue), « sensitive » a été étendu à un emploi euphémistique dans des expressions comme « sensitive urban zones », traduction de nos ZUS. Un euphémisme (pour ceux qui ne suivaient pas en cours de français), c’est quand on dit les choses de manière atténuée pour faire passer la pilule (« non-voyant » pour « aveuglec»). ZUS est, en l’occurrence, un euphémisme qui évite de dire : « zones dangereuses » ou quelque chose dans ce genre. Tout comme la curieuse expression « zones de non-droit » évite de parler de « zones sécessionnistes » ou « hors-la-loi ».
Lisez la suite de cet article sur le blog d’Ingrid Riocreux.
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