On aura beau jeu de dire que les Juifs sont paranoïaques, qu’ils voient des antisémites partout et que le dernier vote à l’Unesco n’intéresse finalement pas grand-monde. On aura tort.
La résolution votée le 13 octobre 2016 à l’Unesco, comme celle votée le 16 avril dernier, ne vise qu’un seul objectif: réécrire l’histoire. Pas pour un effet immédiat mais pour plus tard, parfaite illustration de l’aphorisme touareg « vous avez la montre, nous avons le temps ». Car une fois que les quelques vagues de colère et d’indignation seront retombées, il ne restera que ces résolutions scélérates offrant des mensonges qui s’inscriront dans l’esprit des gens comme autant de vérités.
Des actes de propagande
Ces résolutions votées par l’Unesco avec le soutien indigne de la France sont un acte de propagande, ni plus ni moins. Le titre seul de la résolution devrait suffire à voter contre. « Palestine Occupée », voilà une belle façon pour l’Unesco de « construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes ». Mais plus encore que ce titre infâmant, c’est la réalité historique qui devrait couper court à tout débat. L’Islam est apparu au VIIème siècle de l’ère commune, soit plus de 2.000 ans après le Judaïsme et 700 ans après les premiers chrétiens. En ne faisant référence qu’aux noms musulmans des lieux saints de Jérusalem alors que les Hébreux et les chrétiens y ont vécu pendant des siècles, que l’on y trouve le Kotel (le Mur occidental du Temple) et le Saint Sépulcre, qu’un papyrus datant de 2700 ans écrit en hébreu et mentionnant Jérusalem vient d’y être découvert, les promoteurs de ces résolutions cherchent à effacer consciencieusement toute attache qui ne serait pas exclusivement musulmane. Qu’importe que Jérusalem ne soit pas citée une seule fois dans le Coran alors qu’elle l’est à 669 reprises dans la Bible. L’approche n’est pas tant religieuse. Elle est politique.
Des mensonges patents
Portées par des pays musulmans, ces résolutions sont commanditées par l’Autorité Palestinienne. La stratégie est cousue de fil fluorescent mais ne semble choquer personne à part les juifs : laisser infuser des mensonges, des contre-vérités, des approximations jusqu’à ce que ceux qui ne s’intéressent peu au sujet, c’est-à-dire les plus nombreux, finissent par le croire.
Et dans quelques générations, qui se souviendra – si ce n’est les Juifs – que sur le Mont du Temple s’étaient élevés les deux Temples de Jérusalem dont le Kotel (le Mur occidental) reste la trace la plus visible ? Personne. On n’y verra plus que l’esplanade des mosquées Al-Aqsa/Al-Haram Al-Sharif et la place Al-Buraq.
Qui se souviendra que le « site palestinien Al Khalil » (ainsi que le précise la dernière résolution) se nommait autrefois Hébron et, au même titre que le Mont du Temple et le Kotel, est un lieu saint du judaïsme où se trouve le Tombeau des Patriarches ? Personne. Le temps aura fait son œuvre, attaquant les souvenirs comme il attaque les pierres, faisant d’une imposture la vérité à force de trop l’entendre.
Qui remet en cause aujourd’hui la version « officielle » du massacre de Sabra et Chatila selon laquelle le responsable serait l’armée israélienne ? Personne. Ou si peu. C’est pourtant Elie Hobeika et ses Phalanges libanaises qui ont commis ces massacres alors que selon l’ancien garde du corps d’Hobeika, Robert Hatem, Sharon avait expressément demandé à Hobeika « aucun débordement, aucune action excessive » (« D’Israel à Damas », 1999, Vanderblumen Publications).
Effacer les racines, c’est effacer la mémoire, les spécificités qui font l’unicité d’un individu ou d’un peuple.
Anéantir symboliquement Israël
Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis profanaient les cimetières juifs en prenant soin de casser les plaques sur lesquelles les noms étaient inscrits afin d’effacer – jusque dans la mort – la présence juive sur les terres conquises.
Parce qu’ils ont pris conscience de leur incapacité – pour l’heure – à faire disparaître Israël physiquement, les antisémites tentent de le faire symboliquement, mensonge après mensonge, calomnie après calomnie, laissant le temps passer et la pression démographique faire le reste.
En attendant, la prochaine fois que l’Unesco parlera de culture, un des signataires sortira peut-être son revolver.
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