Difficile de savoir quelle position adopter lorsque l’on est sous le choc, sous l’émotion, d’un nouvel acte de terrorisme. On voudrait croire à l’islam religion d’amour, de paix et de miséricorde. On voudrait y croire très fort même, mais il semble y avoir bien plus d’amour, de paix, de tolérance – et de dignité ! – chez ceux qui sont victimes de la barbarie et qui, sans qu’on ait à leur dire qu’il ne faut « padamalgam », n’en font pas. Ils pleurent leurs proches qui ont été touchés en ajoutant : « Si on bascule dans la peur et/ou dans la haine, ce sont les terroristes qui l’emporteront. »
Mais passons. L’important est ailleurs. Il faut aujourd’hui fermer le robinet du terrorisme et de la haine. Quand une religion qui concerne 1,5 milliard de fidèles, une religion structurée, financée, institutionnalisée, et prosélyte de surcroît, le minimum syndical est de pouvoir cadrer ce qu’elle véhicule. Oui, il y a des textes (et des avis de religieux) qui appellent à la haine (ou qui l’induisent), oui le Coran contient des versets violents, oui il existe aussi des hadiths qui, par cette même violence, interpellent.
On ne peut pas prendre l’islam comme un tout, « en pack », et dire niaisement : « L’islam, c’est l’amour, la paix et la tolérance, les bons musulmans sauront prendre ce qu’il y a de bon, c’est ça le vrai islam… » L’islam s’adresse à une communauté d’humains, chacun ayant ses propres dispositions, chacun ne retenant peut-être que ce qui est en accord avec sa moralité, son éthique, ses valeurs… Un cœur « bon et pur » saura certainement prendre ce qu’il y a de bon en islam. De même qu’un esprit haineux pourra tout autant se servir dans ce buffet à volonté.
Notons au passage qu’un cœur « bon et pur » n’a pas besoin de religion pour rester « bon et pur ». Tandis qu’un esprit « tourmenté » peut trouver ce qui lui manquait « en islam » pour passer à l’acte et/ou pour donner une légitimité à ses névroses, frustrations et pulsions.
Un besoin de cohérence
Le vrai problème, ce sont donc ces discours « ambigus », issus des présumés modérés. Car aujourd’hui encore, il y a des gens, visiblement « propres sur eux », qui continuent à nourrir la haine et à participer à son ancrage chez ces malheureux qui n’ont rien trouvé de mieux que la religion pour « s’épanouir ».
Sous la bannière de l’UOIF et des Frères musulmans on peut raconter ce qu’on veut. Et ce seront les premiers à condamner les violences. Si on était parano, on pourrait croire qu’ils se paient notre tête !
Prenons Tariq Ramadan. Il en est certains – notamment des « intellectuels de gauche », ce à quoi on commence à s’habituer – qui ne comprennent pas qu’on ne souhaite pas lui offrir de tribunes en France, alors qu’il prend la pose sans problème au côté de Youssef al-Qaradawi, l’un des prédicateurs les plus influents des Frères musulmans, recherché par Interpol et qui a plus d’une main dans le chaos que connaissent la Libye et la Syrie.
Ce que certains appellent « censure » est simplement un désir de cohérence. Alors que le monde entier est touché par le terrorisme, on essaie, comme on peut, de trouver une attitude à l’égard de l’islam. Et on ne peut le faire qu’avec ceux qui ont une certaine cohérence, une position claire et nette !
On ne peut accepter le discours de résignation, la fatalité qui consiste à dire « qu’il y aura encore des attentats ». C’est à la source du mal qu’il faut aller. Et la source n’est pas seulement l’extrémisme, l’extrémisme étant une conséquence d’un discours en amont, une dégénérescence d’une pensée, d’une doctrine. Car ils sont subtils ces présumés modérés : ils défendent « l’islam classique », en éludant que cet islam s’est cristallisé au Moyen-Âge et dans la violence. Une religion qui n’a pas connu de révolution majeure et qui, aujourd’hui, est de facto anachronique.
Il suffit d’écouter les discours, ils sont disponibles en un clic – la question aberrante du foulard lié à la pudeur, la musique qui transformerait en singes et en porcs, sans parler de ce paradis avec du vin qui coule à flot et des vierges qui attendent ces « valeureux hommes ». Quel type de personnes cette religion peut-elle ainsi atteindre ? Quel genre d’esprit cette religion peut-elle façonner ? Il s’agit de questions essentielles car les terroristes de demain, c’est aujourd’hui qu’ils sont en préformation. La vie, les « coups du sort », les chocs psychologiques décideront peut-être qui d’entre eux basculera dans la violence, et le terrorisme.
Quoi qu’il arrive, le temps est compté pour ces pourvoyeurs de haine, et pour cette religion dont ces actes de barbarie sont — il faut l’espérer — le « dernier cri de la bête », avant son dernier souffle. Inch’Allah.
Attentats de Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray, par magazinecauseur
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !