J’ai beau fouiller dans ma mémoire, je n’ai pas le souvenir d’avoir dans le passé écrit une seule ligne un tant soit peu favorable à Arno Klarsfeld, sur Causeur ou ailleurs. Mais il y a un commencement à tout et je me vois bien obligé d’avouer que sa tribune publiée dans Le Monde daté d’hier est zéro virgule zéro défaut.
De quoi nous parle le tout nouveau président du conseil d’administration de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) ? Eh bien d’un sujet délicat entre tous, directement de son ressort et méchamment d’actu, à savoir le droit de vote des étrangers. On ne sera pas surpris d’y lire que, comme le Président de la République qui l’a nommé à son poste actuel, Arno n’y est guère favorable.
Mais Arno va plus loin que Nicolas Sarkozy, qui se contente d’évoquer le risque de division des Français pour justifier sa volte-face sur la question. Il aborde le problème de front, avec un cran qui m’impose le respect. Un passage de son texte mériterait vraiment d’être lu et relu par tout ceux qui s’apprêtent à voter en faveur de cette fausse bonne idée au Sénat : « Si l’intégration était une réussite, il serait tentant de dire oui au droit de vote des étrangers, mais elle ne l’est pas encore. Une vague fondamentaliste traverse le monde musulman comme les violences ont pu traverser la France après la chute de la monarchie. Cette vague touche aussi par endroits le territoire français. Voulons-nous des listes fondamentalistes aux élections dans certaines municipalités ? »
Honnêtement je ne pense pas que François Hollande soit fou de joie à l’idée de voir le vote des étrangers remis en selle au Sénat, car c’est un cadeau empoisonné dont il se serait bien passé en ce début de campagne électorale. D’un autre côté, il ne peut guère exprimer ses réticences, sous peine d’être cloué au pilori par Libé, Médiapart, et autres arbitres des élégances humanistes.
Mais il est hélas plus dangereux de désespérer Demorand que de recadrer Eva Joly. Dommage, parce que là encore, il y avait des coups médiatiques à prendre, mais aussi, à terme, des voix populaires à gagner…
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