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W : une série Z


W : une série Z

Il paraît qu’un imbécile s’est emparé de la première puissance de la planète. Entouré d’une poigné d’idiots et de cyniques, il a dirigé ce pays comme un gamin ivre qui vient de voler la voiture de sport de son père. Et tout ça, figurez-vous, pour gagner l’amour et l’estime de son père qui lui avait, semble-t-il, préféré son frère. On se dit que, même à la télévision française, on n’oserait pas utiliser un scénario aussi faible. Et pourtant, c’est l’histoire des Etats-Unis entre 2000 et 2008 telle que la raconte Oliver Stone. Et si l’argument est court, le film, malheureusement, est franchement longuet. Dans le genre, allez plutôt voir À l’est d’Eden d’Elia Kazan. En plus, il y a James Dean…

Admettons que Dobeuleyou, le vrai, peut concourir avec quelques chances de victoire pour l’oscar du pire président américain de l’histoire. Mais même pour les obamaniens et obamaniennes les plus convaincus – et peut-être plus encore pour eux – le ragoût mitonné par Stone sera un peu indigeste. Car enfin, à travers Bush, Oliver Stone traite de cons la moitié des Américains. Le président sortant a tout de même gagné deux élections, et si sa première victoire à l’arraché en 2000 était pour le moins contestable, l’élection de 2004, avec deux guerres en toile de fond, a été remportée avec une nette majorité.

Quid donc des 50 456 002 Américains qui ont voté pour lui en 2000, et des 62 040 610 qui l’ont fait, en connaissance de cause cette fois-ci, quatre ans plus tard ? Des débiles mentaux ? Des milliardaires espérant échapper aux impôts ? Ou peut-être une bande de pentecôtistes œuvrant pour le projet Armageddon ? Si l’on suit Stone, que faut-il penser de l’élection d’Obama, qui a recueilli seulement 3 millions de votes plus que l’abominable W en 2004 ?

Pour comprendre quelque chose à l’Amérique, j’irai jusqu’à dire que même Michael Moore est plus utile que cette caricature minable.

Sur la question, fort intéressante au demeurant, de ce qui pousse un homme à vouloir le pouvoir et à le conquérir, Stone ne nous apprend pas grand-chose. Sa psychologie à deux ronds mène à une impasse : à ma connaissance, tous les hommes mal-aimés par leur père ne deviennent pas des robots mus par le seul désir de gagner son amour. Ni président des Etats-Unis (comme papa). À l’extrême limite, on aimerait savoir pourquoi, dans le cas particulier des Bush, cette circonstance a engendré cette histoire-là.

Sur les ressorts intimes de George W. Bush, comme sur l’état d’esprit de ses électeurs, on n’apprendra rien. Nada. Il est vrai que Stone n’a pas dû avoir beaucoup de temps pour réfléchir. Le plan promo était inflexible. C’était le dernier moment pour exploiter le filon « Résistons au bushisme » juste avant que le personnage ne soit plus qu’un lame duck. Les professionnels français de l’anti-sarkozysme devraient en prendre de la graine.

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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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