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La fin des remèdes-miracles


À défaut d’aller jamais de Brest à l’Oural, l’Europe a su fédérer tous les modernes, de Luc Ferry à Dany Cohn-Bendit. Comme s’il ne suffisait pas de la voir violentée sous les assauts du monde réel, voilà l’Europe mise à nu par ses thuriféraires eux-mêmes. Dernier exemple en date : le « Maastricht, c’est fini ! », lâché tranquillement par François Hollande en plein débat des primaires socialistes, sans qu’aucun de ses petits camarades ne relève l’énormité du propos. C’est pourtant aussi gros que si Peugeot annonçait la caducité du moteur diesel ou que Ferran Adria reprenait l’Hippopotamus de la porte d’Orléans. L’Europe est d’ailleurs totalement absente de la primaire socialiste, elle occupera, gageons-le, une place similaire dans le programme sarkozyste. L’Europe est idéologiquement morte.[access capability= »lire_inedits »] Sa place est à la rigueur dans les livres d’histoire, et plus sûrement dans les manuels de géographie.

L’euro devait sauver l’Europe, l’Europe doit-elle sauver l’euro ?

Ciao l’Europe, et donc aussi bye-bye l’euro ! Certes, à l’heure où j’écris ces lignes, la monnaie commune a encore cours, mais la bouée s’est transformée en boulet. Il y a dix ans, tous les experts nous expliquaient comment l’euro allait sauver l’Europe ; aujourd’hui, les même cherchent à savoir comment l’Europe va pouvoir sauver l’euro. Misère !

Le plus drôle, ce sont les dégâts collatéraux provoqués par ce double constat de décès. Le bulldozer du discours européiste et libre-échangiste des années Maastricht avait engendré un jumeau dizygote, mais tout aussi décérébré : l’alter-économisme. Sentant que, depuis la chute du Mur, la socialisation des grands moyens de production et d’échange avait mauvaise presse dans les dîners en ville, l’alter-économiste avait inventé sa solution miracle à lui, aussi magique et aussi vide de sens que la monnaie unique, mais tout aussi propice aux usages incantatoires.

Cette solution défendable tant en chaire à Dauphine qu’au zinc à Oberkampf, c’était la « taxe Tobin ». Enfin, quand je dis que les alter-écos l’ont inventée, j’exagère, c’est Monsieur Tobin qui l’a inventée : eux l’ont trouvée en gadget-surprise dans le Monde Diplo. La taxe Tobin, nous disait-on chez Attac et autres bonnes maisons, était l’arme absolue pour accoucher sans douleur − entendez sans révolution − d’un monde sans spéculateurs (le spéculateur étant le coupable idéal pour qui veut avoir l’air marxiste sans remettre en circulation des vieilleries théoriques du XIXe siècle sur le capital et l’État). La taxe Tobin, dont la seule évocation défrisait les libéraux et démasquait (Hou, Hou !) les sociaux-libéraux ! Sauf que depuis cette fin septembre, le propagandiste le plus acharné de cette taxe magique n’est autre que le réputé ultra-ultra-libéral Manuel Barroso, président de la Commission de Bruxelles. Et, comme à ma connaissance, Manolo n’a pas viré bolcho, la taxe ne doit pas être si dure que ça à avaler pour les milieux financiers dont il a toujours été un courtier appliqué. Ce qui signifie qu’elle n’aura pas les pouvoirs magiques annoncés.

Une balle, deux morts, quel chouette automne ! [/access]

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Octobre 2011 . N°40

Article extrait du Magazine Causeur



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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