Un petit rappel historique, à l’attention de tous les procureurs du dimanche qui ont déjà jugé, condamné, et embastillé le commissaire « ripou » Michel Neyret.
En 1986, le commissaire Jobic était un des plus grands espoirs de la police française. Suite à sa volonté de faire sortir de prison un de ses indics (un dealer pris en flag de trafic de stupéfiants), un magistrat des Hauts-de-Seine décrète que ce fonctionnaire d’élite est un suspect en puissance.
Circonstance aggravante, le commissaire n’est pas de gauche. Le juge d’instruction, lui, est un militant très actif du Syndicat de la magistrature. Suite aux déclarations d’un certains nombre de délinquants, dealers et autres prostituées, le juge décrète que non seulement Yves Jobic est un trafiquant de drogue et un proxénète, mais qu’il exerce ces activités au profit des caisses noires du RPR. Le 22 juin 1988, alors que la gauche vient de revenir aux affaires et donc à la Chancellerie, il fait incarcérer le commissaire Yves Jobic à la prison de Bois-d’Arcy.
Une belle affaire, donc, sauf qu’il n’y avait pas d’affaire. On s’apercevra au fil du temps que les nombreuses « preuves » accumulées par le juge relevaient d’une intox montée par des gros truands très désireux de se débarrasser de ce flic un peu trop efficace. Très logiquement, Jobic sera finalement blanchi par la justice de tout soupçon, et comme le rappelle le grand flic devenu écrivain Georges Moréas dans son excellent blog Police et cetera (auquel ce petit rappel doit beaucoup) : « Le 16 novembre 1990, la commission spécialisée de la cour de cassation a accordé à Yves Jobic, « victime d’une incarcération abusive et d’un préjudice particulièrement anormal et grave », une indemnité de 150.000 francs » .
Happy end ? Pas vraiment à en croire Moréas : « La vie de cet homme a été brisée par un juge rétréci, persuadé d’avoir mis à jour, au sein de la préfecture de police, un réseau de financement d’un parti de droite. Jobic s’est vu confier la direction de la prestigieuse brigade antigang en 1996, mais il est loin d’avoir fait la carrière qu’il méritait ».
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