S’il est un reproche qu’on ne peut pas adresser au philosophe Marcel Conche, c’est de cultiver l’ambigüité, de demeurer dans un flou artistique qui autoriserait toutes les interprétations. Dans son dernier livre : La Liberté (éd. Encre Marine), il expose sa vision de l’Histoire et surprend par la véhémence de ses propos : le capitalisme est « mauvais en soi » et, ajoute-t-il, « j’ai sympathisé avec la tentative de Lénine d’abattre le capitalisme par la révolution et d’établir les bases d’une société juste. »
Mais Marcel Conche admet que la tentative de Lénine a échoué et que le Capital a été et sera sans doute toujours le plus fort. Alors, que faire ? Réponse : le capitalisme a absolument besoin de la croissance, il faut donc choisir la décroissance. C’est ce que fait Marcel. Il réduit ses besoins, bride ses désirs, ne voyage pas, reste au bord de la nouvelle civilisation technologique…Il se sent proche de Lao Tseu qu’il a d’ailleurs traduit en français. Ne suivre que sa propre voie, ne céder sur rien, telle est l’éthique de Marcel Conche. Il s’en dégage un tel parfum de liberté qu’on douterait presque en le lisant d’être son contemporain, autant dire celui de Lucrèce ou de Montaigne.
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