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Du bon usage des aphorismes


A propos d’un prévenu qui, dans une affaire de viol, plaiderait non coupable, dites : « On ne peut à la fois être sincère et le paraître. » Et s’il se décide à plaider coupable :  » Ce n’est pas que les hommes ne soient pas sincères. Ils changent de sincérité, voilà tout. « Au cas où l’on vous reprocherait votre piètre opinion de l’humanité, confessez avec Jules Renard : « C’est l’homme que je suis qui me rend misanthrope. » Et ajoutez : « D’ailleurs, nous sommes toujours deux, et c’est l’autre qui est le plus intéressant. »

Les aphorismes sont des clés pour ouvrir les psychismes, ainsi qu’une forme de judo mental pour déstabiliser votre interlocuteur. François Bott est un orfèvre en la matière et il les glisse avec son humeur vagabonde dans son : « Éloge des contraires » (éd. du Rocher. Cet admirateur de Fontenelle et de Joubert ne tolère les vérités que lorsqu’elles sont doubles.

Avec François Bott, la morale se dissipe comme par enchantement. Il sait que les pires monstres cachent des trésors de tendresse et que Landru lui-même, ce séducteur, était un meurtrier d’une délicatesse extrême.

Quand on pose à François Bott la question hamlétienne : « Être ou ne pas être ? « , il répond avec Cioran : « Ni l’un, ni l’autre ». La pire des déchéances pour lui serait d’être en accord avec lui-même. Rassurons-le : le voudrait-il qu’il ne le pourrait pas.



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