Vouloir repasser à 90 km /heure moins d’un an après la nouvelle limitation est le comble du délire populiste
Le mouvement de protestation contre la limitation de vitesse à 80 km /heure sur les routes à double sens sans séparateur central est exemplaire du réflexe pavlovien de contestation qui caractérise une bonne partie de la population française ! Gaulois « réfractaires » un jour…
De quoi s’agit-il au fond ? Simplement de réduire légèrement la vitesse autorisée pour accroître la sécurité sur les voies les plus dangereuses.
« Paris contre la province » ? « Pouvoir contre le peuple » ?
Fadaises !
Le temps perdu est minime sur un trajet quotidien. Déjà, l’automobiliste ne passe pas son trajet en permanence à 80 ou 90, compte tenu des virages, des traversées de villages et des ralentissements de toutes sortes ! Ainsi, sur une heure de route, ce ne sont pas soixante minutes qui sont effectuées à 80 au lieu de 90. Estimons à 30 minutes le temps réellement passé à 80 sur une heure de route. La perte de temps se situe alors entre 3 et 4 minutes…. Y a-t-il là de quoi crier au scandale ?
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Les réfractaires à la nouvelle limitation des 80 km /heure invoquent le grand péché à la mode : le mépris ! Il y aurait dans cette limitation une manifestation du mépris de la ville pour la campagne, de Paris pour la province, et, je vous le donne en mille, du pouvoir envers le peuple. Ne touchons-nous pas là au comble du délire populiste ? Ce délire a en tout cas saisi nombre de partis ou de responsables politiques qui considèrent pourtant ce qualificatif comme une marque infamante en temps normal.
Les bienfaits des 80 km /heure
Quant aux bienfaits des 80 km /heure ils sont évidents, et personne de bonne foi ne saurait les contester : réduction du nombre d’accidents, de morts et de blessés, mais aussi réduction de la consommation de carburant, d’où pouvoir d’achat amélioré. Sans oublier la réduction de la pollution. Tout ceci est tellement aveuglant d’évidence qu’on peut se demander à bon droit quel ressort explique cette protestation. Ou plutôt, il faut supposer qu’en l’absence d’arguments objectifs rationnels, ce sont juste les passions politiques et le réflexe si français de refus de tout ce qui modifie les habitudes qui en sont l’explication.
La question est maintenant : pourquoi remettre en question cette loi qui finissait par entrer dans les mœurs ? La confusion que crée dans les esprits une réglementation incertaine ne peut avoir que des inconvénients. Sur nos routes on ne sait jamais à quelle vitesse nous pouvons rouler, les panneaux de limitations trop nombreux se contredisent constamment et chacun a pu expérimenter le surgissement de la question : quelle est la vitesse autorisée là où je me trouve ? Cette question nous n’avons pas fini de nous la poser…
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