2014, c’est parti ! Rangés le gui et les cotillons, il est temps de revenir sur terre. Et l’année s’annonce coton : gageons que 2014 ressemblera à sa devancière, à deux ou trois détails près.
À quelques mois des élections européennes, « L’Europe c’est fini. Et si on essayait la France ? », décrète Causeur. Elisabeth Lévy et Gil Mihaely actent l’échec de l’Europe politique, puisque « l’édifice institutionnel et économique européen n’a pas accouché de la nation Europe », le cadre national reste encore le seul niveau pertinent d’exercice de la souveraineté et de la démocratie. Que nenni, nos dirigeants ont beau répéter « Europe fédérale » en sautant comme des cabris, l’Union européenne souffre de son nanisme politique, leur rétorque Jean-Thomas Lesueur. Pour le délégué de l’Institut Thomas More, l’Europe actuelle s’apparente à un machin jacobin qui étend les marottes centralisatrices françaises à l’échelle du continent. Or, « l’Europe, pour être fédérale, ne doit pas partir de Bruxelles mais aboutir à Bruxelles », argue cet avocat du principe de subsidiarité, qui rêve d’une France décentralisée dans une Europe puissante. Pierre Manent et Hervé Juvin ne l’entendent pas de cette oreille. D’après ces eurosceptiques assumés, la nation est l’unique moteur de l’Europe, et pas un simple échelon. Tous deux estiment que la paix des soixante dernières années est imputable au renouveau des nations européennes, reconstruites sur les décombres de 1945. Ils fustigent l’idéologie irénique qui voudrait effacer les frontières et les identités culturelles. Comme le journaliste économique Jean-Michel Quatrepoint, ils déplorent la panne du couple franco-allemand et concluent de la crise de croissance européenne que « l’Europe a besoin d’une pause ». Pour Quatrepoint, c’est bien simple, « l’Europe a désormais un visage, celui d’Angela Merkel, et une capitale, Berlin ». Solidarité, tu m’auras pas, scandent les Allemands aux pays endettés de la zone euro !
Malgré tout, ne jetons pas le beau bébé européen avec l’eau du bain, nous exhorte Elie Barnavi, inquiet de la vague populiste qui monte. L’UE est une œuvre salutaire, que quelques bourrasques ne devraient pas condamner.
Hélas, quel que soit son parti pris, force est de constater que la crise de l’Europe plante le dernier clou dans le cercueil du vivre-ensemble. Après la révélation à grands renforts de tambours médiatiques des rapports sur l’intégration, que Malika Sorel nous avait signalés dès le mois dernier, le modèle assimilationniste français semble attaqué de toutes parts. Au lieu de pleurer sur le lait renversé, Elisabeth Lévy monte sur le ring pour réclamer un combat culturel à la loyale avec les tenants « d’une idéologie ouvertement différentialiste », influente au sommet de l’Etat, qui voudrait imposer le multiculturalisme pour tous. La France est pourtant « un pays où deux mariages et trois enterrements font de n’importe quel individu un « desouche » comme les autres », argumente notre chère directrice, car « l’histoire confère à certaines cultures un droit d’aînesse ». Dans sa foulée, la démographe Michèle Tribalat, véritable médecin légiste de l’assimilation, démonte en pièces le modèle multiculturaliste anglo-saxon, convaincue que « plus on valorise les différences, plus on encourage une certaine tendance à l’entre-soi propice à la fragmentation culturelle ».
2014 sera aussi l’année du centenaire de la Grande guerre. Avant le démarrage des commémorations officielles, nos pages culturelles « 1914-1918 : pas de paix pour la mémoire » s’attardent sur le fantôme de la première guerre mondiale. Les poilus ne nous ont jamais quittés. Jean-Michel Delacomptée et Romaric Sangars décryptent ainsi le retour en vogue du roman de guerre, fréquemment couronné par les jurys des prix littéraires. Régis de Castelnau explique par le menu pourquoi la France n’a toujours pas fait le deuil des dernières pages de son roman national écrites à Verdun. Quant à Philippe Lacoche, il nous montre que le cheval, celle qu’il préfère, c’est pas la guerre de 14-18 !
N’oubliez pas de faire un grand détour par nos pages d’actualité, très axées autour de l’Afrique, puisque Jacques de Guillebon et Francis Simonis se mettent au chevet du Centrafrique et du Mali, deux théâtres du « spleen africain » qui ronge le continent noir.
En faisant un crochet par les journaux d’Alain Finkielkraut et Basile de Koch puis les carnets de Roland Jaccard, accueillez comme il se doit notre bizuth fin gastronome, Xavier Groin. Cet héritier de Brillat-Savarin nous intime de pas tourner autour du pot de Nutella. La vraie pâte à tartiner oui, ce pot de graisses émulsifiées, pas question…
Si le réveillon ne vous a pas rassasiés pour l’année, bon appétit de lecture !
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